À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Clip - 10
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Par chemins inventés
Pagination
15-51
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Pascal, adolescent fugueur, a fui le Rimouski du début des années 90, écœuré par l’étroitesse d’esprit de ses parents. Il se rend à Montréal en stop à bord d’une fourgonnette rouge. Les occupants, tous dans la quarantaine sauf un dénommé Jack, plus vieux, lui disent être partis à la découverte de l’Amérique. Pendant le voyage, Pascal se rend compte que la fourgonnette et ses passagers glissent en arrière dans le temps : les occupants rajeunis (sauf Jack) parlent entre eux de l’état du monde – tel qu’il était dans les années 60 : la guerre du Vietnam, la révolte féministe, la libéralisation des drogues…

Pascal, qui a toujours le même âge, lui, se retient pour ne pas leur dire ce qu’il adviendra de leurs espoirs, sauf lorsque la plus jeune, Sarah, avec qui il a ébauché une amourette, fait part de son angoisse devant la bombe nucléaire et la guerre froide. Ils traversent les États-Unis en quinze heures et se retrouvent en Californie, la Mecque de la jeunesse des années 60… mais lorsque Pascal descend, il se rend compte que la fourgonnette est redevenue rouge, que les occupants ont de nouveau l’âge de ses parents, et qu’il est à Montréal.

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Commentaires

Pas un baby-boomer ne pourra lire ce texte élégiaque d’un œil sec. « Élégiaque » : autant qu’il est possible pour un récit destiné à des adolescents qui ont l’âge du jeune héros et non celui de l’auteur, c’est-à-dire un texte sans mièvrerie, qui jette au contraire un regard lucide sur les années 60 comme sur les deux décennies qui les ont suivies. Une lucidité qui est autant celle de l’auteur que celle de son personnage : on peut se demander si tous les adolescents des années 90 ont une telle connaissance de l’histoire qui les a précédés, et surtout s’ils sont aussi prêts que Pascal à pardonner, même relativement, à leur propre époque.

Mais pour une lectrice qui a été formée par les années 60 – et comment pourrais-je prétendre lire ce texte en adolescent d’aujourd’hui ? –, « La Fourgonnette psychédélique » a l’attrait irrésistible de la nostalgie, davantage une émotion d’adulte que d’adolescent, il faut bien l’admettre : retourner dans le passé en retenant toutes ses connaissances présentes, mesurer le chemin parcouru, faire des bilans.

Flotte de surcroît sur tout cela la figure de Jack Kérouac, le vagabond mythique des années beat, et le sentiment sur lequel je reste, à la dernière phrase, est, paradoxalement pour une histoire de rupture, un sentiment d’harmonie : une grande chaîne de rêveurs à travers le temps, qui maintiennent en vie, à chaque génération, l’espoir d’une vie meilleure.

C’est sans doute cette tendresse sous-jacente et cette négation de la solitude qui toucheront les jeunes lecteurs de ce texte… [ÉV]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 174-175.