À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 43
Pagination
21-29
Lieu
Montréal
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

François raconte à Laurent une histoire invraisemblable. Un matin, il fut réveillé par un « violent coup de silence » et se sentit envahi par une « inexplicable force apaisante ». Surpris, François sortit de chez lui pour découvrir… le monde dont il avait toujours rêvé. Il déambula, bienheu­reux, dans ce véritable paradis terrestre. À la fin de la journée, l’état d’euphorie et la vision s’estompèrent, et la triste réalité reprit le dessus. Quelques semaines plus tard, Laurent tombe sur un article scientifique des plus révélateurs…

Commentaires

Ce premier texte de Florent Veilleux consiste principalement en une description d’un décor pastoral utopique : paysages exotiques et colorés (fleurs et verdure), musiques cristallines, parfums délicats, lumière “galac­tique”, propreté de l’air, limpidité de l’eau, absence de bruit, personnages d’une beauté parfaite aux noms très évocateurs (Angélique, Aphrodite, Naïade…), etc. Cette vision du Jardin de l’Éden ne manque pas de pittoresque. Les images traduisent une grande sensualité et s’enchaînent à un rythme… hallucinant.

« François Mercier… heureux ? » n’est cependant ni une pastorale ni une utopie. Le lecteur apprend à la toute fin que François a servi, malgré lui, de cobaye pour l’avancement de la science. Le but de l’expérience ? Rendre les gens heureux… et dociles, leur permettre d’accéder au “meilleur des mondes”.

L’explication rationnelle de la vision, qui nous vient de l’article scientifique découvert par Laurent, présente de sérieuses failles. L’article explique tout sur la nature, les buts et le déroulement de l’expérience (sans apporter la moindre critique), et rappelle que sa réalisation a nécessité « la mobilisation de tous les artistes de la Métropole », la collaboration d’une garderie d’enfants et la complicité des services municipaux. Mais n’est-il pas étrange que François ne soit toujours au courant de rien, que Laurent n’ait jamais entendu parler de quoi que ce soit et qu’il n’y ait eu aucune contestation ? Un tel remue-ménage dans la Métropole ne saurait passer inaperçu et on ne peut croire que tous appuient aussi crédulement ce genre d’expérience.

Ainsi, la dernière partie de la nouvelle déçoit. L’insistance sur la res­semblance de la situation avec le “meilleur des mondes” paraît inutile, déplacée et surtout mal amenée : s’agit-il d’une réflexion tirée de l’article (improbable) ou d’une réflexion de Laurent sur l’article ? Ce n’est pas très clair.

« François Mercier… heureux ? » montre de réelles qualités sur le plan de l’imaginaire et de l’écriture (scènes intéressantes et belles images dans la partie “pastorale”) mais une faiblesse au niveau de la construction du récit. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 176-177.