À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Guillaume Jussiave tient une librairie spécialisée en ouvrages occultes. Un soir, le peintre Philippe Frégeau, qui se spécialise dans le portrait d’œuvres grotesques aux accents démoniaques, s’incruste et épie le libraire afin de regarder l’iconographie incluse dans son ouvrage le plus rare et le plus dangereux : Les Phrases de l’Oracle. Frégeau reproduit alors les démons Belphéron, Sourador et Abaldurth qui y sont représentés en une fresque qu’il peint dans une église… ce qui aura des conséquences funestes.
Commentaires
Œuvre majeure dans le Cycle de Neubourg, « La Fresque aux trois démons », qui sera republiée dans le premier recueil de Sernine intitulé Les Contes de l’ombre, est un modèle dans ce que le fantastique québécois a de mieux à offrir. L’atmosphère y est pesante, angoissante, surtout dans la description du trio démoniaque, terrible à souhait. On plonge dans ce récit comme on plonge dans les grands textes du reclus de Providence ; d’ailleurs, on sent l’ombre du Maître à chaque page. Les descriptions hyperboliques autant que l’effet fantastique qui se dégage de la nouvelle auraient d’ailleurs pu s’inscrire dans le mythos lovecraftien si ce n’était de quelques faiblesses formelles.
On note en effet quelques fautes, quelques répétitions, quelques coquilles ; et devant le monument qu’est Sernine pour la littérature fantastique québécoise, on se force à se rappeler que c’est là l’une des premières nouvelles qu’il a publiée (sa huitième, pour être précis), dans un fanzine de surcroît – parce que malgré toute son importance pour la postérité, il demeure que Requiem n’était rien d’autre, finalement, qu’un fanzine édité par des collégiens (certes dirigés par Norbert Spehner, tout de même). On cherche des réponses, des justifications à ces omissions, ces oublis – cette absence d’une révision linguistique digne de ce nom. Parce qu’on veut excuser ces erreurs ; car comme le disent les anglophones : it is THAT good.
On quitte la nouvelle à regret, en balbutiant les noms des trois démons dans une sorte de fascination morbide, pris d’une folle envie de se précipiter chez le libraire d’occasion, pour lui demander s’il n’aurait pas, par hasard, une copie des Phrases de l’Oracle, à ranger au côté du Necronomicon. [MRG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 365.