À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Le Passeur
Titre et numéro de la collection
L'ASFFQ
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Monde étrange
Longueur
Novelette
Paru dans
L'Année 1987 de la science-fiction et du fantastique québécois
Pagination
245-261
Lieu
Beauport
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une nuit, Happiness, une fille de la CRèche, se faufile dans les couloirs, saute la palissade et court vers la première station de métrex. Elle veut rejoindre à l’autre bout de la ville l’homme sur la photo, celui qui l’a choisie. Son voyage sera perturbé par le regard insistant d’un vieil homme. Malgré une fuite éperdue dans la ville, la fille ne pourra lui échapper. Une voix puissante, étrangère, monte en elle et menace le vieillard. On le retrouvera égorgé.

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Commentaires

Michel Martin est un pseudonyme derrière lequel se cachent deux auteurs, Jean Dion et Guy Sirois. Ils ont publié une première nouvelle, « Vingt sommes », dans la revue imagine… 11. Une longue période de cogitation a donné naissance à un deuxième texte étrange et hermétique. « Geisha Blues » semble à première vue impénétrable, lourd. Son opacité crée un certain malaise chez le lecteur qui se bute au discours enchevêtré et hésitant de la narratrice.

Le glissement du thème de la courtisane vers la SF permet un traitement insolite et dérangeant. Le classement de la nouvelle dans le genre ne peut d’ailleurs se justifier que par le passage mis en exergue au début du texte. Cette citation, tirée d’un article de journal, rapporte qu’à la suite d’une série d’incidents impliquant des pensionnaires des écoles geishas, les implants de personnalités secondaires ont été totalement interdits par des accords internationaux sur le contrôle des armements personnels (“per espera : Évolution de l’homme planétaire”).

Ainsi, la narration basée sur le monologue intérieur se clarifie et explique l’omniprésence du “nous” et de l’élément religieux. Le discours de Happiness, la narratrice, est biaisé par la CRèche qui annihile la pensée autonome et conditionne les filles à l’amour pur et total pour le client. La jeune fille maîtrise seulement cette dimension de sa triple identité. Chaque personnalité secondaire est indépendante et possède une fonction parti­culière visant au bien-être et à la sécurité complète de l’homme.

« Geisha Blues » est un texte exigeant qui se laisse difficilement appri­voiser. Les phrases incisives, hachées, sans liens syntaxiques, dépeignent la fragile naïveté de la narratrice et l’atmosphère oppressante dans laquelle elle se débat. Une nouvelle fascinante qui aborde le domaine troublant du conditionnement humain. Les femmes en seraient-elles les victimes prédes­tinées ? [DP]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 103.

Prix et mentions

Grand Prix Logidisque de la science-fiction et du fantastique québécois 1989 (catégorie nouvelle)