À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature d'Amérique
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Sarah la Givrée
Pagination
77-83
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Depuis qu’une goutte lui est tombée sur la joue gauche, le narrateur, jeune écrivain sans le sou, devient le témoin impuissant de la détérioration inexpliquée de son organisme.

Commentaires

Dutrizac a peut-être laissé tomber le pseudonyme cowboy dont il signait ses écrits antérieurs (Billy Bob), mais il n’a rien renié de ce « terrorisme littéraire » qui est sa marque de commerce. Les nouvelles réunies dans son premier recueil, Sarah La Givrée, témoignent moins de préoccupations esthétiques que d’un désir explicite de déranger, de dénoncer (parfois au risque de sombrer dans le prêchi-prêcha « engagé »), de faire « sauter la baraque ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que cet angry young man a des convictions, des principes, des préoccupations, qu’il a (et c’est ce qu’on admire le plus chez lui) « du cœur au ventre », pour reprendre le titre d’une de ses nouvelles. Les textes de fiction et de non-fiction qu’il nous a donnés à lire jusqu’ici font de lui une espèce d’Harlan Ellison québécois, prouesses stylistiques en moins.

« La Goutte », l’une des deux seules nouvelles de Sarah La Givrée relevant des genres qui nous intéressent ici, apparaît comme l’une des plus achevées du bouquin. L’auteur part de prémices assez simples dont il exploite les prolongements, en quelques pages, avec adresse et sans ses excès habituels, vers un dénouement ouvert, à la fois logique et terrifiant dans ses implications. Allégorie des MTS ou des pluies acides ? Fantastique ou SF ? Le texte sait tirer parti de cette imprécision mystérieuse, de ce flou où il laisse le lecteur à la fin.

Comme c’est presque toujours le cas chez Dutrizac, l’horreur côtoie un humour, noir à souhait, toujours bienvenu dans ce type de récit, et le propos s’accompagne d’irrévérence satirique. Tenez, presque au hasard, je citerai cette définition cynique de la démocratie à l’occidentale : « Avoir le droit de nous abrutir à regarder les téléromans de Guy Fournier à la télé… ah, voilà un merveilleux avantage de vivre dans une démocratie. » (p. 82) [SP]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 76-77.