À propos de cette édition

Éditeur
Ottawack
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Société future
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Inhumanité
Pagination
45-55
Lieu
Orléans
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le système de commandes à distance d’ANDROSEX étant en panne, le narrateur se rend chez le dépositaire local pour commander sa partenaire d’un soir. Mais les paramètres qu’il a spécifiés pour composer son profil psychologique et son apparence physique sont trop hors normes, si bien que le système ne peut répondre à sa demande. C’est alors qu’il remarque une cliente non loin de lui qui se trouve dans la même situation. Il sympathise avec elle, la suit au restaurant puis chez elle, mais la relation, à peine amorcée, échoue lamentablement.

Commentaires

D’entrée de jeu, l’auteur se pose en moraliste, en observateur du monde moderne dont il vante les mérites. « Les luxes de la vie moderne sont à toutes fins irremplaçables. Malheureusement, il est encore des sots qui deviennent nostalgiques à la simple pensée que tout pouvait être obtenu avec mille fois plus d’efforts il n’y a pas si longtemps. » Le récit s’emploie à illustrer cette affirmation énoncée au tout début du texte, laquelle, traduite en termes plus crus, pourrait se lire ainsi : « Il est plus simple de baiser avec un androïde qu’avec une vraie personne du sexe opposé. »

Ce petit conte moral n’est pas exempt d’une certaine dose de cynisme, le récit se terminant par une interrogation désabusée : « À quoi bon nier l’état asocial de l’homme ? » Entre temps cependant, Michel Bruneau aura fait la preuve que la société technologique qu’il décrit n’est pas parfaite et qu’elle nivelle les goûts selon la logique du plus bas dénominateur commun. Le narrateur commande un modèle qui n’a rien d’exceptionnel (cheveux et yeux orange) mais qui ne représente pas les goûts de la majorité. Résultat : il ne peut l’obtenir.

Bien sûr, la tentative de nouer une relation humaine avec une vraie femme est vouée à l’échec, le narrateur ayant été conditionné par la société à vivre des relations programmées, déshumanisées qui étouffent tout imprévu.

« Le Grand Confort » est un texte amusant qui nous arrache un sourire ici et là. L’écriture de Michel Bruneau est coulante et son style fait preuve d’une certaine aisance qui rend la lecture agréable. Cependant, le sujet a déjà été maintes fois traité et le point de vue adopté ne renouvelle pas le thème. De plus, la nouvelle ne peut compter ici sur l’effet de surprise ou sur une chute brillante en raison même du projet annoncé (la démonstration irréfutable de ce que le narrateur avance), contrairement à une nouvelle comme « Jessica » de Bertrand Bergeron dont la chute inattendue contribuait pour beaucoup à son charme et à sa valeur. Dans le texte de Bruneau, les sentiments sont niés, ce qui nous vaut un récit dénué d’émotions. Force est d’admettre toutefois qu’il est tout à fait conforme à l’esprit du titre du recueil : Inhumanité. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 50-51.