À propos de cette édition

Éditeur
L'A Venir
Titre et numéro de la série
L'Œil de Dieu - 3
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Fin des temps
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Temps Tôt 41
Pagination
7-15
Lieu
Bromptonville
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En pleine bataille contre un chien à trois têtes, Bohémond d’Izernore se retrouve soudainement ailleurs : seul, dans une pièce vide et sans issue. Alors qu’il tente de comprendre ce qui se passe, un ange lui apparaît pour lui demander s’il voue toujours une foi aveugle à Dieu. Bohémond confirme qu’il serait prêt à mourir pour Lui. L’ange fait donc apparaître un passage magique que Bohémond doit suivre pour rejoindre le Grand Conseil.

Pendant ce temps, Mahani s’éveille dans une pièce déserte. Se trouve-t-elle dans l’informonde ? Une vieille femme entre et l’informe qu’elle se trouve plutôt dans la réalité et que c’est le Conseil des Quatre millions quatre-cent-quarante-quatre-mille-quatre-cent-quarante-quatre, les représentants de toutes les époques de l’humanité, qui l’ont tirée de son XXe siècle, parce qu’ils ont besoin d’elle. Lorsque Mahani accepte de les rencontrer, elle croise la route de Bohémond, le croyant vertueux du VIe siècle, qui ne voit d’abord en elle qu’une païenne, de cette race qu’il a tant combattue. Et pourtant, le Conseil les réunit tous les deux, persuadé qu’ils sont les seuls à pouvoir accomplir une mission capitale pour la survie de l’être humain : retrouver l’œil-de-Dieu, dérobé au Créateur lui-même par Kerberos, le chien des Enfers, cette même créature que Bohémond combattait plus tôt.

Commentaires

Dans le paysage des littératures de l’imaginaire, le nom d’Yves Meynard ressort dignement du lot et avec raison : depuis 1986, il a publié de nombreuses histoires de qualité (souvent couronnées de prix), autant en romans qu’en nouvelles, en français et en anglais. Sa plume polyvalente aborde avec la même aisance la science-fiction, le fantastique et la fantasy, ainsi que les genres hybrides. Et cette aisance transparaît très bien dans la nouvelle « L’Œil de Dieu – Premier Jour : Le Grand Conseil », qui constitue un fragment d’un long récit en neuf parties (écrit à plusieurs mains avec, entre autres, Jean-Louis Trudel, Michel Bélil, Alain le Bussy…).

Racontée par un auteur moins talentueux, cette histoire aurait pu paraître un peu naïve avec l’idée, déjà lue maintes fois, d’élus devant sauver la race humaine du Mal… mais Meynard réussit à surprendre son lecteur avec cette façon à fois simple et originale de traiter le sujet : ce Grand Conseil des Quatre millions… qui représente la race humaine dans toutes ses époques est une idée franchement intéressante. Elle permet, pour une fois, de personnifier la race humaine au grand complet (et donc, c’est concrètement sa survie, leur survie devrais-je dire, qui est en jeu) et non pas seulement un Roi ou un quelconque souverain de l’espace qui inflige une mission impossible à un héros…

Les explications, le pourquoi de tout ça, bien ficelé, ne laissent pas de place à une faille ou un doute comme cela se produit trop souvent à la lecture de textes de genres. Oui, on s’entend que nous ne sommes pas en présence d’un texte réaliste mais bien de science-fiction mais tout de même, les éléments de l’intrigue semblent plausibles dans un tel contexte et proposent une vue d’ensemble intéressante par rapport à l’humain avec ses conflits intérieurs mais également avec autrui, surtout en ce qui a trait aux différentes religions. Une humanité plutôt que plusieurs clans qui s’affrontent, en laissant de côté leurs croyances, leurs différends et leurs peurs. Unis, ils acceptent de se joindre à une quête plus grande qu’eux. L’humanité, l’espèce, plutôt que l’humain en tant qu’individu.

Cela a dû être un sacré boulot de prendre le relais après les deux premiers textes (écrits par le Bussy et Trudel) et de fournir plusieurs éléments pertinents à l’histoire pour que les auteurs qui allaient poursuivre avec les chapitres subséquents aient une base très solide sur quoi construire. Je me souviens avoir déjà lu, il y a quelques années, la grande fresque dans son ensemble et avoir préféré l’épisode de Meynard, qui s’éloignait des autres, plus axés sur l’action que sur la mise en place de l’univers et d’explications rassembleuses. [JR]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 144-145.