À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Triptyque
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Mœbius 31
Pagination
49-59
Lieu
Montréal
Année de parution
1987

Résumé/Sommaire

Une amnésique. Des images fugaces traversent son esprit, des images qui s’échappent d’une mémoire où Domagaya, malgré les interdictions de la tribu, part pour l’Inconnu, le Grand Vide. Il aboutit sur le bord de la Grande Eau et, en songe, rencontre le père de sa mère, mort depuis longtemps. Ce dernier lui remet une ceinture de wampum, la mémoire de son peuple. Il devra la protéger puisqu’il sera le seul survivant. Et puis, un jour, de la non-mémoire de l’amnésique monte un souvenir : son frère et sa passion pour les sports d’hiver. Alors l’autre mémoire se fait plus petite, moins envahissante. Elle n’a plus sa place dans cette tête qui s’emplit à nouveau. Résignée, elle cherchera peut-être une autre demeure où se perpétuer.

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Commentaires

Annick Perrot-Bishop, dans « Le Grand vide », évoque encore de vieilles légendes mais cette fois-ci pour les intégrer dans un cadre plus moderne, celui de notre époque. Il en résulte un texte qui prend la forme d’une merveilleuse métaphore, où cette histoire de Domagaya et de sa ceinture de wampum symbolise la culture amérindienne qui agonise, se cherche une place dans l’immense territoire occupé du XXe siècle nord-américain.

L’écriture est belle, simple, évocatrice et charmeuse. La nostalgie de l’amnésique se mêle insensiblement à celle, plus mystérieuse, de Domagaya. Par petites touches bien dosées, l’auteure construit son édifice, respectant les symétries internes et les besoins de cisellement externes. Le résultat ne peut pas décevoir tant le travail est bien fait, et ce malgré quelques passages où la concordance des temps cafouille.

Dépassant la simple anecdote, Annick Perrot-Bishop, avec une fin dramatique par sa douceur cruelle, met le lecteur face à cet éternel dilemme d’une terre pour deux peuples, pose la question de la coexistence des civilisations divergentes et termine sur l’interrogation de l’éternelle errance.

Un beau texte, un grand texte qui nous prouve que « L’Ourlandine » n’était pas une perle isolée, que Annick Perrot-Bishop demeure peut-être l’écrivaine la plus sous-estimée de la SFFQ. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 144-145.