À propos de cette édition

Éditeur
C't'un fait, Jim !
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Épitaphe 2
Pagination
55-74
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1997
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Lors d’une de ses aventures en Amérique du Sud, le docteur Indiana Jones parvient à soutirer un livre prodigieusement ancien au nez et à la barbe de son adversaire de toujours, l’archéologue français Belloq. De retour aux États-Unis, Indiana Jones fait appel à l’expertise de l’écrivain Lovecraft afin d’identifier la nature de l’ouvrage magique qui se révélera être un des derniers exemplaires de l’infâme Necronomicon. Cette rencontre avec un forban aussi notoire qu’Indiana Jones trouble Lovecraft, et ce dernier écrit à son ami, l’écrivain Robert E. Howard, pour le prévenir de la situation et lui demander conseil. La réponse d’Howard ne fait que confirmer les craintes de Lovecraft. Maintenant que le « Livre » est entre les mains d’un être aussi détestable et sans scrupule qu’Indiana Jones, c’est le monde entier qui court un grave danger…

Commentaires

Ce délicieux pastiche de Thierry Vincent pourrait être considéré comme une réponse québécoise à un certain type d’uchronies bien à la mode en science-fiction américaine, je parle ici de ces uchronies où l’on s’approprie de véritables personnages historiques pour les intégrer à des mondes réinventés. On a même inventé une appellation pas tout à fait sérieuse à un de ces sous-genres, le steampunk, épithète calquée sur cyberpunk, employée pour décrire des romans comme La Machine à différences de William Gibson et Bruce Sterling ou Lord Kelvin’s Machine, de James P. Blaylock, qui postulent entre autres l’apparition de l’informatique à l’époque victorienne et qui mettent en scène des scientifiques comme Babbage, Darwin ou des écrivains comme John Keats ou le très populaire Lord Byron.

Il y a fort peu de vapeur dans la nouvelle de Thierry Vincent et rien de punk, mais la manière dont il fait se rencontrer des personnages de fiction et des personnalités historiques procède du même jeu conceptuel. Ici, les personnages réels sont les écrivains Lovecraft et Robert E. Howard (créateur du célèbre Conan), qui ont maille à partir avec… Indiana Jones ! Comme il s’agit d’une nouvelle fort bien écrite – nous avons droit à deux extraits de lettres « rédigées » par Lovecraft et Howard –, ce postulat de départ suffirait déjà pour amuser. Or la véritable astuce, ici, c’est de constater à quel point Indiana Jones, contrairement à ce que les films de Steven Spielberg ont pu nous laisser croire, est un filou de première ! Ce n’est pas seulement un pilleur de tombes et une tête brûlée : Lovecraft et Howard le tienne pour un véritable assassin.

Aussi iconoclaste que soit le propos de sa nouvelle, Thierry Vincent a l’intelligence de traiter son sujet avec un sérieux imperturbable, évitant de nous faire décrocher avec des clins d’œil trop appuyés. On en vient à regretter qu’il ait jugé nécessaire de faire précéder sa nouvelle d’une préface où il explique de quelle façon il s’y est pris pour créer les lettres de Lovecraft et d’Howard. Un magicien ne doit pas révéler ses trucs. C’est donc tout à l’honneur de Vincent de constater qu’en dépit de cette explication, cet aspect de la nouvelle a parfaitement fonctionné, du moins pour un lecteur qui, comme moi, a lu Lovecraft sans se considérer comme un inconditionnel ou un spécialiste.

Publiée dans un numéro du fanzine Épitaphe consacré à Lovecraft, « Le Grimoire oublié » en est de loin la nouvelle la plus réussie. [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 183-184.