À propos de cette édition

Éditeur
Guy Saint-Jean
Titre et numéro de la collection
Noir
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
361
Lieu
Laval
Année de parution
1994
ISBN
9782920340879
Support
Papier
Illustration
Jean-Guy Meister

Résumé/Sommaire

Dans les Ardaches, Mestrel de Fartenheim, gouverneur qui vit au manoir Hautes-Brumes, révèle à Frontenoy, son fils, le pacte de sa famille avec le démon. Le fils refuse le pacte lorsque, après la mort de son père, il devient gouverneur. Cédric Mandelstamn, qui n’a aucun lien avec les Fartenheim, construit, sur une terre que possédaient ces derniers, un moulin et une maison baptisée Basse-Brume. Cinq ans plus tard, la famille Mandelstamn hérite d’un enfant. On le nomme Bénédict. Cédric le méprise et préfère ses propres enfants : Thomas et Marguerite. Lors d’un spectacle avec Mercurio le mage, on dénonce la condition économique des Ardaches. Une révolte se prépare. Frontenoy enlève Mercurio et prend son médaillon. À la demande de Frontenoy, Mercurio trouve une solution pour faire apparaître des esclaves : réveiller les morts.

Les années passent. Le révérend Hook s’installe dans la région. Bénédict revient d’un voyage, bien nanti. Il devient propriétaire de Basse-Brume. Les révoltes reprennent. Frontenoy utilise la magie de Mercurio pour repousser les rebelles. Plusieurs seront capturés et pendus. Le révérend Stark arrive dans la région. Il apprend que Hook a été un adepte de la magie noire, s’est converti à la prêtrise et s’est suicidé. Bénédict, faussement accusé d’être un rebelle, prend la fuite. Hook réussit à ressusciter une chauve-souris qui tue le pigeon de Stark, chargé de porter une lettre révélant la vérité sur Hook. Il perd le contrôle de la bête, qui se fond en Bénédict décédé des suites d’une attaque magique. Hook récupère le corps et l’éduque sur sa nouvelle nature de vampire.

Marguerite et Thomas sont arrêtés. Frontenoy les menace afin d’obtenir Basse-Brume. Ils fuient, mais Marguerite est de nouveau capturée. Bénédict se rend au manoir. N’ayant pas tous ses pouvoirs, il est enfermé dans la même cellule que Marguerite. Elle se sacrifie pour que Bénédict récupère ses dons afin de contrer Frontenoy. Bénédict la mord et sort de sa cellule : c’est le carnage. Mercurio convainc Bénédict de le laisser partir. Hook jubile d’avoir retrouvé son médaillon. Bénédict réalise qu’il a été utilisé par Hook et le mord. Aucun sang ne s’écoule de ce corps. Il est un mort-vivant, ressuscité par Mercurio qui s’est approprié ses pouvoirs, conservés, par la magie, en forme de cendres dans le médaillon. Hook ouvre le médaillon et obtient le repos éternel. Bénédict part à la recherche de Frontenoy. Le diable révèle à ce dernier son implication dans les actes qui ont causé sa perte. Frontenoy lui offre son âme, mais il refuse, laissant la place à Bénédict qui attaque Frontenoy, déjà mort d’une crise cardiaque.

Commentaires

Difficile de résumer un tel livre en si peu de lignes. Cela donne un résumé en apparence hachuré, mais qui correspond bien au roman qui, à la première lecture, laisse une impression de ne pas avoir de fil conducteur – à la deuxième lecture cependant, on tisse les fils entre les différents événements qui semblent très éloignés. Ce roman contient beaucoup de personnages et de péripéties. Plusieurs éléments ont été mis de côté dans mon résumé, volontairement oubliés, pour faire plus de place aux événements entourant le dénouement. J’ai ainsi omis de parler des enfants de Frontenoy ou des origines bohémiennes de Bénédict, par exemple, pour m’en tenir uniquement à l’action principale. En fait, le résumé pourrait être très court : il s’agit d’une révolte paysanne, dans un monde qui n’est pas le nôtre mais qui lui ressemble drôlement, contre un gouverneur qui abuse de ses pouvoirs sans se soucier du sort du peuple. Assez classique. Nous ajoutons à cela quelques ingrédients issus du fantastique (magie, mort-vivant, vampire, démon) et nous avons plus ou moins notre récit de base. Celui-ci est orné de plusieurs autres événements ayant un impact plus ou moins important sur le dénouement final, l’histoire d’amour entre Bénédict et Marguerite, par exemple, ou le fait qu’avant la morsure faite à Marguerite, Bénédict se nourrissait uniquement de sang animal (c’est pourquoi il n’a pas tous ses pouvoirs).

Hautes Brumes n’est pas un grand livre. D’ailleurs, l’auteur lui-même affirme dans un avertissement précédant le texte qu’il « […] ne prétend nullement renouveler ce genre littéraire […] ». C’est le genre de commentaires qui me rebutent habituellement, comme si l’auteur n’était pas convaincu de son travail et qu’il se sentait obligé de se justifier. Cependant, la lecture (ou plutôt la relecture) de ce livre a réussi à me captiver. L’auteur met juste assez d’indices pour éveiller des soupçons chez le lecteur, mais sans tout lui dévoiler. Quelques insertions discrètes du narrateur viennent insister sur l’importance de certains passages en apparence anodins. À la relecture du prologue, qui se déroule après le carnage final, on est en mesure de constater le souci du détail de l’auteur qui réussit à placer plusieurs des éléments qui auront leur importance dans le récit. D’ailleurs, la façon de raconter, l’importance accordée à la description, sans envolée lyrique mais toujours rigoureuse, me faisaient penser à l’univers de Stephen King, à la fois étrange et réaliste.

Dans ce roman, le Bien et le Mal se confondent. Ce n’est pas original, mais cela reste néanmoins intéressant. Frontenoy refuse le pacte avec le démon, mais n’hésite pas à abuser de ses pouvoirs et à jouer avec la magie noire pour arriver à ses fins. Bénédict, qui devient vampire, une créature de l’enfer, est celui qui libérera (du moins, le suppose-t-on) le peuple de son gouverneur. Hook, ancien prêtre et ancien adepte de la magie noire, utilise la sorcellerie pour avoir enfin le repos éternel. En fait, le mal est un peu partout. Le diable lui-même s’en mêle en orchestrant les événements qui mèneront à la chute et à la mort de Frontenoy. Il ne faut donc pas toujours se fier aux apparences – l’auteur, d’ailleurs, nous en prévient dans son avertissement.

En parlant justement de ne pas se fier à la première impression, certaines attentes que j’avais envers ce texte ont été déçues. Tant sur la quatrième de couverture que dans l’avertissement (eh oui, encore !), on nous annonce une histoire de vampires. En tant que grande passionnée de cette créature, je saute sur le texte pour constater que, si le vampire a effectivement une place déterminante dans le dénouement de l’histoire, son importance dans le reste du texte est minime. La transformation de Bénédict en vampire, très classique (on retrouve l’ail, les objets liturgiques, la lumière du jour, l’absence de réflexion dans le miroir, les canines, les transformations en chauve-souris, etc.) n’a lieu qu’au début de la dernière partie. Le paratexte crée ainsi de faux horizons d’attente auprès des lecteurs. Cela n’affecte pas la qualité du texte, mais plutôt la qualité de la lecture – tout comme les trop nombreuses coquilles présentes dans ce livre.

Bref, Hautes Brumes n’est pas un texte marquant. Il ne m’a pas éblouie, émerveillée. Wilshcocqhst traite d’un sujet classique avec une forme conventionnelle. Cependant, le livre répond à ses objectifs : faire passer un bon moment au lecteur grâce aux nombreuses péripéties. C’est un livre sans grande force, mais également sans grande faiblesse. [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 203-205.

Références

  • Garand, Caroline, Québec français 100, p. 35.