À propos de cette édition

Éditeur
La Patrie
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Patrie, vol. XXX, n˚ 71
Pagination
20
Lieu
Montréal
Date de parution
16 mai 1908

Résumé/Sommaire

Bien avant l’arrivée des Français sur l’île de Montréal, les fées avaient élu domicile sur le mont Royal. Quand un seigneur les convie au baptême de sa petite fille, elles acceptent et couvrent le nourrisson de dons, sauf une mauvaise fée, la fée Grinche, qui contraint l’enfant à souffrir chaque fois qu’on piétine ou coupe une fleur. La petite finit par en mourir.

Commentaires

L’univers des fées dans les livres canadiens-français pour enfants – et même dans les pages de journaux comme La Patrie – constitue une véritable chasse-gardée des femmes. Marie-Claire Daveluy et Madame Lacerte en sont les plus illustres exemples mais Louise Des Saules les précède avec « L’Héritage des fées du Canada ». En quoi consiste cet héritage ?

Quand la petite fille morte de douleur arriva au paradis, Dieu fut si indigné qu’il chassa toutes les fées du Canada. Les effets de la malédiction ne furent toutefois pas complètement effacés, ce qui explique pourquoi les Canadiennes « ont un cœur très délicat, follement sensible, un cœur d’où l’on ne peut arracher la moindre fleurette sans les faire défaillir ». Et l’auteure de conclure sur une note qui conforte l’image de la femme vulnérable et fragile comme une fleur : « […] il faut cultiver ces cœurs avec beaucoup de sagesse et une grande prudence ».

Une telle représentation réductrice de la féminité serait impensable de nos jours tout comme le racisme à l’égard des Amérindiens qui transpire dans ce conte est déplorable et inacceptable aux yeux du lecteur d’aujourd’hui. Voyez ce passage en préambule : « Très longtemps, elles (les fées) n’eurent aucun souci des humains et on comprend assez que les peaux-rouges aient plutôt excité le dédain de ces petites personnes chimériques et précieuses. » C’est bien l’auteure qui exprime ici son dédain et elle en rajoute une couche quand elle mentionne qu’avant l’arrivée des hommes blancs, les fées ne connaissaient pas les hommes ! Sous-entendu : les Amérindiens ne sont pas des humains.

Il ressort finalement de ce conte qui présente de façon positive les fées – elles ont pour rôle principal d’embellir la nature – qu’il suffit d’un seul individu méchant dans une communauté pour jeter l’opprobre sur celle-ci. La fée Grinche est en effet la seule responsable de l’expulsion des fées du Canada. [CJ]