À propos de cette édition

Éditeur
Le Soleil
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes vrais
Pagination
91-111
Lieu
Québec
Année de parution
1899

Résumé/Sommaire

Dans leur jeunesse, Célestin Graindamour et le narrateur allaient parfois dans une maison en ruines afin d’y tuer des hiboux. Un jour, alors qu’ils reviennent avec la dépouille d’un volatile, la vieille Fanfan leur dit qu’il s’agit d’un hibou immortel puisque c’est l’âme du païen enterré dans la maison hantée. De fait, alors qu’ils sont au chevet de la belle Henriette Lépire, qui a perdu la raison dans la maison hantée, l’oiseau disparaît.

Ils retournent donc de nuit à la masure afin d’en avoir le cœur net. Quand Célestin vise un autre hibou, ce dernier se réfugie dans la maison en s’y engouffrant par la cheminée. À l’intérieur, après avoir fait du feu, les deux jeunes hommes aperçoivent un gigantesque hibou immatériel près de l’âtre et entendent des rires démoniaques pendant que quelqu’un compte des pièces de monnaie. Ils fuient, mais Célestin promet de revenir le lendemain.

Commentaires

Première partie d’un ensemble de quatre textes sous-titré La Maison hantée, « Le Hibou », après un préambule où le narrateur palabre sur les vicissitudes de la vie, raconte la première rencontre de Célestin Graindamour avec le spectre de la maison hantée. En parallèle, nous faisons connaissance avec Henriette Lépire qui, elle aussi, a eu maille à partir avec le revenant.

Étrangement construit, ce texte ne peut être lu seul puisque, à proprement parler, il ne conclut pas son propos initial, qui est de montrer en quoi Célestin a été un homme plus chanceux que le narrateur. Certes, nous avons droit à l’aventure de nuit des deux jeunes gens, et le narrateur laisse entendre que Célestin est loin d’être indifférent à la belle Henriette, mais rien de plus. D’ailleurs, le texte se termine sur un étrange constat d’échec : « … vous ne voyez pas en quoi mon ami a été plus chanceux que moi. C’est vrai, et je vais être obligé d’écrire une autre petite histoire, pour racheter ma parole. » Ce qu’il fait d’ailleurs avec « Le Spectre de Babylas » et les deux nouvelles complétant le cycle.

Malgré ces écueils formels, « Le Hibou » est un texte réussi, où le style alerte de l’auteur, bien que fortement porté à la digression, enchante. De fait, LeMay sait comment capter l’attention de son lecteur. Fin causeur, il présente en quelques lignes des personnages crédibles, insuffle aux scènes surnaturelles la vraisemblance nécessaire pour que le lecteur puisse y frissonner à son aise et intercale avec aisance des réflexions parfois cyniques, parfois moralisatrices, qui viennent renforcer son propos.

Indéniablement, l’auteur est en pleine possession de ses moyens et il profite pleinement de sa maturité, de son vécu, mais aussi de ses précédentes expériences romanesques, et ce pour le plus grand plaisir du lecteur. [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 122-123.