À propos de cette édition

Éditeur
La Revue canadienne
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Revue canadienne, vol. I, n˚ 10
Pagination
83-84
Lieu
Montréal
Date de parution
08 mars 1845

Résumé/Sommaire

Le narrateur rapporte ce qui est arrivé jadis à son oncle alors qu’il naviguait sur la rivière des Prairies, au retour des chantiers, à la fin de l’hiver. Il était entré dans une masure éclairée par un feu de foyer afin d’y demander un tison pour allumer la pipe de ses compagnons. Deux vieillards immobiles étaient assis près de l’âtre. N’obtenant pas de réponse, l’oncle s’empare d’un brandon et l’apporte au canot mais les voyageurs constatent qu’il ne brûle pas. Au même moment, la cabane s’embrase et disparaît tandis que deux énormes matous grimpent dans l’embarcation en poussant des miaulements terrifiants. L’oncle a la présence d’esprit de leur lancer le tison. Ils s’en emparent et disparaissent.

Commentaires

Les premiers paragraphes du conte d’Alphonse Poitras proposent une rapide étude sociologique des voyageurs qui s’engageaient au service des compagnies de fourrures. Le portrait humain chaleureux qui s’en dégage dit bien l’admiration de l’auteur pour ces aventuriers.

D’ailleurs, à lire tous ces contes de voyageurs, on se rend compte de l’importance des voies d’eau dans la littérature du XIXe siècle. Le fleuve Saint-Laurent et ses affluents y sont omniprésents. Cela se comprend, c’étaient les principales voies de communication et, bien souvent, les seules. Dans les lettres québécoises contemporaines, il n’y a que Jacques Ferron à avoir saisi l’importance du fleuve dans son magnifique roman Le Saint-Élias.

« Histoire de mon oncle » ne se distingue pas des autres contes de l’époque. Le conteur rapporte un fait qui remonte loin dans le passé. C’est le genre qui veut cela : il faut que le temps fasse son œuvre pour que l’événement atteigne une dimension sacrée, mythique, légendaire ou fantastique.

En l’occurrence, le récit de Poitras appartient au fantastique surnaturel. On reste un peu perplexe devant cette étrange histoire. Si les deux matous sont probablement l’incarnation des deux vieillards sous une autre forme, que symbolisent ces deux êtres impassibles ? Et ce tison qui ne brûle pas ? Ces indices avaient peut-être une signification particulière au temps d’Alphonse Poitras. Mais comme la conduite de l’oncle du narrateur n’avait rien de répréhensible, on peut n’y voir qu’une simple histoire de peur, qui ne terrifiera personne, plutôt qu’une autre manifestation des suppôts de Satan, ce que le récit ne laisse en aucun temps présager par une quelconque allusion teintée de religiosité. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 163-164.