À propos de cette édition

Éditeur
La Sauvagine
Titre et numéro de la collection
Nouvelles francophones - 4
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Femmes de cavales
Pagination
189-202
Lieu
Lachenaie
Année de parution
1997
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En rentrant chez lui, un homme découvre sa chambre presque vide. Disparus l’ordinateur, la bibliothèque, les meubles. Il trouve sur un écritoire antique une enveloppe contenant sept feuilles blanches. Il est persuadé qu’il s’agit d’un message de « la femme de papier » et il s’efforce de le décoder. Après une nuit passée à étreindre ses fantasmes, l’homme retrouve au réveil sa chambre habituelle. Un livreur lui remet une enveloppe. Vide. Il comprend qu’il doit déclarer son amour à la femme s’il ne veut pas la perdre.

Commentaires

La glace fantastique est mince sous les patins de l’auteure mais la présence résiduelle dans le monde du protagoniste d’une chaise de bois et d’un chandelier à cinq branches appartenant à l’univers fantasmé atteste la contamination du réel par le rêve ou, si l’on veut, l’intrusion du fantastique dans la réalité du personnage principal.

Au fond, il s’agit ici d’une banale histoire d’amour à laquelle Johanne Girard ajoute une plus-value en la dotant d’un deuxième niveau de lecture qui questionne la relation qu’entretient un homme, libraire de profession, avec un personnage de rêve, plus ou moins fictif (une femme). Ce pourrait être aussi une belle allégorie sur le plaisir de lire car l’auteure dissèque les rapports du lecteur (l’homme) à la littérature (la femme).

La nouvelle de Girard sexualise ce rapport par le biais d’une symbolique assez transparente. En effet, même s’il est dit que la femme de papier a écrit un grand nombre de lettres à l’homme de plume, il n’en demeure pas moins que les feuilles reçues par le libraire sont vierges et que c’est l’homme qui se sert de l’une d’elles pour proclamer son amour et qui, symboliquement, par sa plume, féconde la femme. De ce point de vue, la représentation des relations homme-femme se révèle très conservatrice et à mille lieues du féminisme.

Johanne Girard se montre néanmoins habile à débusquer les sentiments et les émotions derrière les faits anodins ou d’infimes détails. D’ailleurs, l’un des moments les plus intéressants et les plus forts de la nouvelle consiste en cette interprétation que fait l’homme de plume en examinant la surface (froissée, racornie, gondolée, odorante, en accordéon, etc.) des sept feuilles vierges. Un passage vraiment remarquable qui donne la mesure de la sensibilité de l’auteure. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 276-277.