À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Eusèbe Laframboise, plus communément appelé l’homme étrange, se fait réveiller en 2076 par des chercheurs de l’Institut d’Anthropologie, après avoir passé cent ans endormi dans un bloc de glace. Mais le monde poussiéreux qui l’entoure, gris, sans végétation et dont l’atmosphère opaque force l’utilisation permanente d’une bombonne d’air pur, le rebute au point qu’il refuse de profiter de cette résurrection et opte pour le suicide.
Commentaires
Ce très court texte n’en impressionnera pas plusieurs par son originalité aujourd’hui, les décennies 1990 et 2000 nous ayant chacune donné leur lot de fictions à saveur écologique et de scénarios issus d’un futur apocalyptique. On déplorera d’ailleurs le titre de la nouvelle, qui manque singulièrement de poésie et reflète mal le surnom qu’une communauté serait susceptible de donner à un être dont le passé peu commun devrait le transformer en homme non pas « étrange », mais mythique.
Toutefois, et quoiqu’on y voie poindre le même moralisme dérangeant que dans « Une histoire de soucoupe », « L’Homme étrange » se défend assez bien une fois replacé dans le contexte du début des années 1970. Sa brièveté nous permet d’ailleurs de l’apprécier encore aujourd’hui comme un conte philosophique apte à faire réfléchir le lecteur aux progrès scientifiques et à poser les assises d’un débat éthique qui occupera une place importante dans le champ littéraire pour les décennies à venir. Vaut-il la peine de pousser les prouesses technologiques pour prolonger la vie humaine si cela se fait au détriment de tout ce qui l’entoure ? C’est la question que pose Dufresne en filigrane de sa nouvelle, et qui mérite encore d’être soulevée aujourd’hui. [CaJ]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 187-188.