À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 111
Pagination
39-42
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La narratrice, Hélène, vend des vêtements pour hommes. Un jour, à dix-sept heures cinquante, un homme étrange entre dans sa boutique. Il fascine Hélène. Nu sous son imperméable, il veut acheter des vêtements gris. Pendant un an, il revient à chaque lundi à la même heure et achète toujours quelques vêtements, toujours gris. Il finit par avouer à Hélène qu’il vient d’ailleurs et s’habille de gris pour ne pas être repéré des siens. L’homme et Hélène s’embrassent. Les pupilles de l’homme deviennent rouges.

Commentaires

Pour avoir déjà lu quelques textes de Natasha Beaulieu, je dois avouer que « L’Homme gris » n’est pas son meilleur. L’histoire de base est somme toute assez classique : une femme est fascinée par un homme étrange. Il a l’aspect d’un clochard, mais n’a rien d’autre d’un mendiant : voix suave et beauté exceptionnelle hypnotisent la narratrice qui tombe amoureuse de l’homme. On apprend à la fin du récit, de manière trop explicite, que cet homme vient d’un autre monde. La trame narrative n’a donc rien de nouveau, mais elle n’est pas dépourvue d’intérêt pour autant.

Le style de Beaulieu dans cette nouvelle se veut assez simple, ce qui n’est pas un défaut. Ce qui en est un, c’est plutôt la présence de comparaisons grossières (« Et sa conversation est aussi neutre que le gris », « […] je me demande s’il vit dans un univers aussi gris que sa personne ») ou de répétitions maladroites (« J’aurais juré que c’était la première fois qu’il entendait parler de sous-vêtements » suivi de près par « J’aurais juré que cet homme passait un chandail sur sa tête pour la première fois »). Ces exemples montrent que cette nouvelle aurait pu être plus travaillée ; on y retrouve des faiblesses qui laissent croire à un premier jet.

De plus, la fin est très prévisible. Les indices sont trop nombreux, trop grossiers ; il y a trop d’acharnement sur les détails qui nous font découvrir le dénouement du récit. La narration aurait pu être mieux menée. Les dernières lignes du texte me paraissent superflues, avec la petite ouverture que je trouve d’un cucul : « Les histoires d’amour impossibles ne sont peut-être pas réservées qu’aux humains. »

Bref, « L’Homme gris » est une nouvelle décevante venant de Natasha Beaulieu. Elle n’est pas complètement inintéressante, mais elle manque manifestement de fignolage. [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 14-15.