À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 111
Pagination
19-30
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Niklos Pascalis est un ancien fouilleur de lumière, un humain capable de se glisser dans les flux d’information des ordinateurs photoniques du XXIe siècle finissant. Sa retraite anticipée est interrompue par un microdrone qui lui injecte un poison mortel et par l’agente Evy Jaing qui l’envoie se faire ressusciter dans l’infirmerie particulière du patron de l’immense conglomérat Thor. Car les nouveaux ordinateurs de Thor ont été sabotés et Pascalis doit élucider le mystère. Il découvre que le sabotage n’est que factice et l’impute à une malveillance interne. S’ensuit un jeu de massacre entre hauts dirigeants de Thor jusqu’à ce qu’il ne reste que Simon Odako, le grand patron. Comme les ordinateurs en cause préparaient la fusion de Thor et de Synbad, sa concurrente, Odako se retrouve seul à la barre de la plus grande corporation du monde et se débarrasse de l’ultime témoin, Pascalis, dont la conscience n’est sauvée que parce qu’elle s’amalgame aux flux de données.

Commentaires

Le récit de Bergeron rend hommage de façon magistrale au cyberpunk des années quatre-vingt en démontrant que son auteur a brillamment assimilé tant les thèmes que la manière de ses fondateurs. Le sujet de l’intrigue est également fidèle à la fascination du cyberpunk pour le capitalisme triomphant de son époque, ce qui veut dire que l’aboutissement premier de l’histoire est la victoire du néo-libéralisme et, plus précisément, la création d’une corporation si tentaculaire qu’elle va régner non seulement sur une portion significative de l’économie terrestre mais aussi sur des gouvernements rongés par la privatisation. Néanmoins, Bergeron aménage un aboutissement secondaire de l’intrigue qui est également fidèle à un trope du cyberpunk, celui de l’affranchissement des substrats matériels. Quand l’esprit de Pascalis transcende sa chair de fouilleur de lumière, il rappelle aussi bien la survie de personnages de William Gibson dans le cyberespace que d’autres transferts de la conscience humaine dans des matrices informatiques, de Tron à Permutation City. Enfin, la langue du récit a pour mérite notable d’adapter le jargon du cyberpunk de manière complètement francophone. Le vocabulaire technique n’est jamais un simple écho de l’anglais.

Bergeron était dans la plénitude de son talent quand il a signé cette longue nouvelle et ce texte parfaitement maîtrisé témoigne de la maturité indéniable de son écriture. Il a servi par la suite de germe à un roman, Phaos, qui exploitait le thème de manière moins convaincante. La combinaison du roman noir, de la fascination désabusée pour les luttes corporatives et de l’aventure technique est parfaitement au point sous cette forme plus courte. Certes, « L’Homme qui fouillait la lumière » appartient à une catégorie de textes de Bergeron qui se distinguent moins par leur originalité formelle ou substantielle que par leur contrôle absolu des paramètres d’une formule établie. Il n’en reste pas moins un des textes incontournables de son œuvre. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 23-24.

Prix et mentions

Prix Solaris 1994

Prix Boréal 1995 (Meilleure nouvelle)