À propos de cette édition

Éditeur
Triptyque
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Moebius 28
Pagination
73-81
Lieu
Montréal
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le narrateur est témoin d’une manifestation de féministes qui protestent contre la venue du groupe rock Battered Wives. Un hurluberlu grimpé sur un toit invective et provoque les manifestantes. Soudain, la lune se met à danser dans le ciel et une chouette énorme fond sur l’individu qui s’écrase sur le trottoir et se transforme en serpent.

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Commentaires

Paul-André Bibeau continue d’explorer dans cette nouvelle, comme il le faisait dans son recueil La Tour foudroyée, la faune colorée et pittoresque des rues Saint-Denis et Saint-Laurent, leurs bars troubles, leurs clubs cheap. Ce monde constitue, depuis plusieurs années, sa seule source d’inspiration, semble-t-il.

Dans « L’Homme-serpent », le narrateur adopte la position de l’observateur et ne prend pas parti dans cet affrontement opposant dérisoirement les féministes et les phallocrates et, sur le mode symbolique, la Vierge et Satan. L’auteur met sans discernement tout le monde dans le même panier : les féministes qui dénoncent la violence faite aux femmes, les militantes du Cercle des fermières qui manifestent contre l’avortement et la pornographie, les mouvements religieux comme Vers demain.

Cet affrontement, qui traduit les courants qui déchirent la société, se déroule sur une toile de fond mystique nourrie par un extrait de la Genèse et d’un compte rendu d’apparitions et de phénomènes surnaturels survenus à Fatima. L’évocation du sacré apparaît comme une caricature de l’authentique pratique religieuse tant l’écriture de Bibeau se complaît dans le grotesque, l’exagération et le simplisme.

Visiblement, l’entreprise de Bibeau consiste à reprendre les thèmes du fantastique édifiant du siècle dernier pour les actualiser dans un cadre urbain et moderne. Mais il a oublié de tenir compte d’une donnée fondamentale qui a changé. S’il y a un retour de la spiritualité aujourd’hui, celle-ci se vit beaucoup plus dans l’intimité de chacun et n’emprunte pas les chemins de l’exhibitionnisme comme semble le croire Bibeau.

Pas étonnant que cette transplantation soit ratée et qu’il prêche dans le désert. [CJ]

Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 39-40.