À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Titre et numéro de la collection
Autres mers, autres mondes - 9
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Demain, l'avenir
Pagination
49-72
Lieu
Montréal
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Voici un monde post-nucléaire surpris par la brutalité du retour à la vie. Un monde post-aquatique, en quelque sorte, dans lequel la consommation prend une ampleur monstre, et dans lequel on n’en finit plus de s’adapter aux changements et permutations, tant sur la scène politique que culturelle. Les hommes de nuit, à l’œuvre dans un supermarché aux proportions gigantesques, travaillent à un rythme effréné, frénétique même, cherchant tant bien que mal à prendre le dessus. Il semble que l’expansion soit toujours près de les avaler.

Commentaires

Imaginez un supermarché aux dimensions telles qu’il devient impossible de s’y retrouver sans carte. À l’intérieur : d’immenses chariots qui filent la nuit à un train d’enfer pour combler les étalages vides, écrasant sur leur passage tout ce qui s’y trouve ; des produits qui vont de l’expirateur manuel, très couru par les chômeurs, aux algues en feuille ou en cube, en passant par les bouteilles d’eau passive, l’indispendable cire-éponge et le sauterelle-steak. Beau programme, me direz-vous ! Mais ce n’est là que la pointe de l’iceberg. Car Marc Provencher a choisi de mettre en scène le chaos, le désordre social engendré « par le tourbillon du grand retour à la vie ».

Déferlent ainsi à une vitesse folle les images, les scènes de rue, les produits de consommation, les régimes politiques et les courants idéologiques (le transformisme ou « comment se maintenir au pouvoir en donnant l’impression aux électeurs qu’on est soi-même devenu l’opposition » ; le terminalisme qui prône « la terminaison de l’humanité et sa fusion dans la population permutante » ; les associations amanitaires ; etc.). Rien de banal dans cette vision de l’avenir. Tout s’emmêle sans jamais s’engorger pourtant. L’humour de Provencher, tantôt satirique, tantôt purement fantaisiste, veille à lier les pires incongruités et à rendre attrayantes les pires monstruosités.

Il faut se réjouir de retrouver dans cette nouvelle la qualité de style et la richesse imaginaire dont avait fait montre l’auteur dans son célèbre « Aplatir le temps » (Espaces imaginaires 2). Ajoutons que les mutations/permutations que l’auteur s’amuse à faire subir au langage exciteront les neurones des linguistes les plus flegmatiques. « Les Hommes de nuit » est en effet le lieu de toutes les métamorphoses. Et il persiste à résonner dans ma tête comme un grand éclat de rire. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 159-160.