Idole d'ébène (L')

Joseph Potel est un homme sans histoire qui occupe un poste de comptable dans une banque française. Au retour d’un voyage d’un mois en Angleterre, il se retrouve accidentellement en possession d’une valise ne contenant qu’une idole d’ébène. Cet objet l’obsède de plus en plus, au point où il laisse tout tomber pour tenter d’en retracer l’origine. Il se rend en Afrique où il trouve la trace de la tribu idolâtre qui le sacrifie.

Si le texte débute de manière banale, avec un commis de banque un peu coincé qui revient d’un mois de vacances en Angleterre et qui en rapporte quelques souvenirs dans sa valise, l’intrigue prend rapidement une autre tournure dès lors que l’idole fait son apparition. Gérin parvient à instiller patiemment et subtilement du fantastique tout au long de la nouvelle, à mesure que l’idole resserre son emprise sur le pauvre Potel.
L’intérêt de ce texte se trouve également dans l’indétermination qui entoure la nature et les pouvoirs de l’idole. La fascination malsaine pour un objet exotique est un thème récurrent de la littérature fantastique, mais ici, il acquiert une autre dimension puisqu’il amène le personnage à accomplir un enchaînement d’actions qui le mènent vers un sort tragique.
La chute constitue également un point fort du récit. Non seulement le personnage se laisse-t-il volontairement sacrifier en hommage à l’idole, mais il semble que tous les événements ayant mené à cette conclusion aient été prédestinés depuis l’arrivée de Potel dans son compartiment. Comment expliquer autrement le commentaire sibyllin de l’homme aux lunettes d’or ? Voilà un récit fantastique rondement mené et très efficace à découvrir ! [PAB]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 218-219.