À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la série
L'Énigme du Conquistador - 3
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
170
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
1998
ISBN
9782890516878
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La famille Lemoyne est envoyée à l’île Manitoulin par l’organisation d’Érasme Bular, qui convoite les objets de pouvoir et les connaissances du passé. L’organisation est sur la piste de Don Felipe Da Gozal, un Conquistador du seizième siècle qui pourrait avoir détenu la clé de ces savoirs perdus. Les enfants de la famille Lemoyne, Stéphane et Audrey, vont être mêlés de près à la recherche des « roches qui enseignent » mentionnées par les contemporains de Don Felipe Da Gozal.

La découverte d’un pectoral ayant appartenu au Conquistador incite les collaborateurs les moins avouables d’Érasme Bular à intervenir pour empêcher le terrain de fouilles d’être exploité par autrui. Un des hommes de main de Bular dérobe alors la Wampum belt, qui doit être remise lors d’une cérémonie imminente, afin de paralyser les travaux en cours.

Avec leur nouvel ami Makinac de la réserve de Wikwemikong, Audrey et Stéphane procèdent à une enquête pour retrouver la Wampum. En même temps, ils sont accueillis par les autochtones réunis pour le Jour du Traité et initiés aux anciens rituels des premiers habitants. Ils côtoient même des chamans, esprits et puissances surnaturelles dont le lieu privilégié est l’île du Serpent de la Terre, non loin de là.

Non sans quelques péripéties – enlèvements et poursuites – et la découverte d’une « Roue de médecine », tout va rentrer dans l’ordre. Audrey retrouve la Wampum belt et un chaman reconnaissant leur montre l’emplacement des « roches qui enseignent », qui sont des pétroglyphes occupant une falaise au bord de l’eau. Mais leur quête du vieux Conquistador n’est pas terminée : Érasme Bular n’est pas moins déterminé à connaître les secrets du passé et de nouveaux voyages attendent la famille Lemoyne.

Commentaires

Ce troisième roman dans la série de « L’énigme du Conquistador » ne déroge sûrement pas aux habitudes de Marillac. Les ouvrages précédents de l’auteur avaient déjà établi son intérêt pour les savoirs ésotériques des sociétés traditionnelles ou marginales : tribus amérindiennes, esclaves des Caraïbes, Kabbalistes juifs, etc. Dans ce cas précis, il est question des mythes et légendes des Algonquins, d’hier et d’aujourd’hui.

Pourtant, l’admiration que, visiblement, Marillac voue aux peuples de vieille souche et aux pouvoirs de leurs chamans ne va pas sans quelques contradictions. Si c’est bien un ancien qui révèle à Audrey et Stéphane le secret des pétroglyphes de Wikwemikong, il faut l’intervention de la famille Lemoyne pour découvrir la « Roue de médecine ». Faut-il croire que les esprits tutélaires de la tribu aient pu oublier un vestige aussi important des croyances d’autrefois ? Cette découverte permet en tout cas aux Blancs de la famille Lemoyne d’avoir le beau rôle en expliquant aux autochtones la nature et le sens de leurs propres traditions. Il y a une condescendance implicite dans ce rôle dévolu aux autochtones face aux Blancs, même si (ou parce que) ceux-ci débordent de bonnes intentions. C’est plus subtil que le racisme d’antan, mais cela reste une façon de faire entrer des gens dans les cadres où on veut les faire tenir.

En tout cas, si les chamans et les esprits protecteurs ont leurs raisons que la raison ne connaît pas, c’est très pratique pour les auteurs comme Alain J. Marillac. Inutile donc de se demander pourquoi les pouvoirs magiques des autochtones ne leur permettent pas de retrouver la Wampum belt, alors qu’Audrey, avec l’aide de la technologie moderne, trouve la solution sans chercher très loin… L’association des Amérindiens avec des ancêtres venus des étoiles (voir aussi Rendez-vous sur Planète Terre de Marie Décary) peut jouer aussi dans le sens d’une distanciation inquiétante des autochtones face aux Blancs.

Néanmoins, il faut reconnaître que l’histoire est bien menée, pimentée de rebondissements à intervalles réguliers. Malgré quelques erreurs et points douteux, le roman témoigne d’un indéniable travail de documentation historique. Les descriptions contemporaines évitent heureusement de verser dans le portrait trop convenu des autochtones et les personnages sont plutôt sympathiques, tant Audrey qui a le béguin pour Makinac que Stéphane qui se demande s’il aime la jeune fille qu’il a connue au Yémen lors d’un voyage précédent.

L’action s’éparpille toutefois un peu trop pour encourager la lecture d’une traite. Entre les initiations rituelles et les secrets de la « Roue de médecine » et des « roches qui enseignent », la disparition de la Wampum belt reste un prétexte plus qu’un moteur de l’action. Il en résulte un roman compétent, mais sans plus, qui verse dans l’ésotérisme naïf et dans les bonnes intentions dénuées de tout sens critique. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 106-107.

Références

  • Drolet, Jean-Denis, Lurelu, vol. 21, n˚ 2, p. 29.