À propos de cette édition

Éditeur
Liberté
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Liberté 202
Pagination
4-14
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans une forêt en hiver, une visiteuse fait la rencontre d’une tribu d’enfants de hardes vêtus qui d’abord lui reprochent sa présence puis décident de l’emmener, sur le dos d’un dragon, vers une cabane en rondins où vit un vieux couple. Les deux vieillards, qui se prétendent les parents des enfants, tentent d’obliger la jeune femme à revêtir des habits de fête sous prétexte qu’elle devra célébrer avec les enfants. L’héroïne refuse et retourne trouver les gamins dans leur camp. Ils lui proposent une épreuve : elle doit d’abord traverser un terrain accidenté et rocailleux. Le chef des enfants lui tend ensuite une demi-sphère magique à l’intérieur de laquelle luit l’image d’un jardin. Elle y entre, passe par une voûte et arrive enfin à une rivière gelée près de laquelle se trouve un bouclier de glace. La jeune femme monte dessus comme s’il s’agissait d’une planche de surf et les enfants la poussent sur la rivière. Elle se laisse glisser sans se soucier de sa destination, s’abandonnant tout entière au voyage, au passage…

Commentaires

N’y a-t-il donc aucune limite au talent d’Élisabeth Vonarburg ? Comme s’il ne lui suffisait pas de compter parmi les plus brillants auteurs de SF québécoise, la voilà en passe de devenir également chef de file en matière d’heroic fantasy. Moi qui pourtant ne raffole pas particulièrement de ce type d’histoires peuplées de dragons, d’elfes et autres créatures folkloriques, je me suis surpris à lire et relire ce texte exceptionnel, cette espèce d’hybride entre Tolkien et Kafka. Perverse, la Vonarburg s’amuse à brouiller les pistes et à subvertir les codes du genre.

Au lieu de ces intrigues marquées au sceau d’un manichéisme judéo-chrétien primaire qui constituent la norme du genre, elle nous offre un récit initiatique (le titre l’indique assez clairement), mystérieux à souhait. Lieu, temps, contexte, ces détails nous sont livrés avec juste ce qu’il faut de précisions pour bien se les représenter, mais de manière si impressionniste que l’équivoque demeure longtemps après la fin de notre lecture. Où et quand se déroule cette histoire ? Sur notre planète, après une guerre ou un cataclysme nucléaire ? Qui sont ces enfants ? Quelles sont les règles qui régissent leur société ? En quoi consiste cette fameuse épreuve à laquelle sera soumise l’héroïne ? Le texte ne répond en bout de ligne à aucune de ces questions. Pourtant, loin de confiner la nouvelle à une obscurité agaçante et gratuite, ces énigmes irrésolues contribuent au contraire à l’élaboration de l’atmosphère trouble et ensorcelante qui en fait le charme. En cela, « Initiatiques » rejoint « Mourir, un peu », une nouvelle très différente mais également sibylline publiée par Vonarburg il y a quelques années.

Enfin, comme d’habitude, la facture est impeccable, l’écriture un délice de sobriété et d’élégance. Vraiment, Élisabeth Vonarburg m’exaspère, m’enrage ! Ne publiera-t-elle donc jamais un texte médiocre, la proverbiale exception qui viendrait confirmer la règle selon laquelle elle réussit tout ce qu’elle entreprend ? [SP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 202-203.

Prix et mentions

Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois 1993