À propos de cette édition

Éditeur
Le Journal de Québec
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Journal de Québec, vol. XIX, n˚ 123
Pagination
1-2
Lieu
Québec
Date de parution
12 octobre 1861

Résumé/Sommaire

Sur les bords du fleuve, une ombre semble se profiler. Une Amérindienne, dernière représentante de sa tribu, vient pleurer l’extinction de son peuple par les Visages-Pâles. Prenant à témoin la nature, elle conçoit un sombre projet de vengeance. Elle enlève un jeune enfant blanc, le torture et lui arrache le cœur. Après quoi, elle se jette dans les eaux du lac Saint-Pierre. Depuis lors, on voit courir sur l’onde, la nuit, une torche fumante. « Est-ce l’enfant des bois qui pleure sa victime ?… Est-ce l’ange vengeur du crime ?…»

Commentaires

Au début de sa carrière d’écrivain, Louis Fréchette s’est consacré à la poésie, car il admirait Victor Hugo et croyait devenir célèbre en publiant des poèmes. Pourtant, ce sont ses contes, auxquels il est venu beaucoup plus tard, qui font que son œuvre compte encore aujourd’hui.

« L’Iroquoise du lac Saint-Pierre » est le premier texte qu’il a publié. Il fait donc partie de la première époque et est écrit en vers. Le destin tragique de l’Iroquoise justifie le recours à l’alexandrin et à un style emphatique qui se dégage de la forme poétique et versifiée.

Je ne suis pas un spécialiste de la poésie mais je trouve que dans ce poème, Louis Fréchette est un meilleur poète que P.-J.-O. Chauveau dans « L’Histoire de Lanouet ». Il a plus de rythme, un vocabulaire plus riche et un sens plus aigu du tragique. Si l’auteur trace un portrait un peu raciste de l’Iroquoise en la dépeignant comme un être cruel et sanguinaire, assoiffé de vengeance, il fait preuve de plus de retenue que Firmin Picard dans « La Montagne Tremblante » quand il décrit les Nez-Plats. En outre, cet excès s’accorde avec le souffle épique du poème, sans compter que Fréchette ne cherche pas à gommer le rôle des Blancs dans l’extermination de la tribu de l’Iroquoise.

L’élément fantastique est très secondaire dans le poème de Fréchette. Il apparaît dans l’épilogue comme pour rappeler la nature du drame et la question toujours actuelle des génocides de toutes sortes. Le poète se contente ici d’enregistrer l’élément fantastique sans le remettre en question, comme le veut le genre littéraire de la légende, ce qui ne sera pas toujours le cas dans ses contes alors que Fréchette hésite visiblement entre l’explication rationnelle et la reconnaissance de l’inexplicable, d’une réalité autre. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 83-84.