À propos de cette édition

Éditeur
Les Publications Ianus
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Orbite d'approche 2
Pagination
35-43
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

À une époque où toute forme de végétation a disparu à la surface de la planète – devenue une seule et immense ville – au profit de l’asphalte et du béton, Misha, une jeune zonarde, rencontre un vieux botaniste qui conserve précieusement quelques graines de plantes. Elle va aider Mikhail à faire pousser quelques plants mais ceux-ci seront détruits chaque fois par les autorités. À la mort du vieillard, Misha découvrira chez lui une petite tige de rosier et l’entretiendra en secret pendant des années dans sa cour.

Commentaires

On a peine à imaginer que toute végétation a été éradiquée de la surface entière de la Terre et que celle-ci est devenue une immense ville. Mais c’est le postulat de départ de « Jardin interdit » et il faut bien l’accepter. Puis, on s’étonne que le vieillard n’ait pas pensé lui-même à planter des graines dans des pots à fleur. Ce sont toutefois des vétilles comparées à la tension schizophrénique qui oppose le texte au sous-texte. L’un dit le contraire de l’autre. Il en résulte un drôle d’effet de lecture. L’ambiguïté ainsi générée n’enrichit pas la nouvelle ; elle est plutôt le signe du manque de maîtrise narrative d’Annie Angers.

La narration nous laisse croire en effet que Mikhail a été abattu par la police d’État (« l’homme abattu », « où son ami avait rencontré les fusils du pouvoir ») alors que la situation, la vraisemblance (il a en main des fleurs qu’il a coupées) et la psychologie du personnage nous invitent plutôt à voir dans cette mort un suicide, un geste d’éclat, un acte désespéré susceptible d’attirer l’attention et de rappeler aux gens l’existence d’une vie végétale. Le malaise vient du fait que Misha croit que son vieil ami a été tué alors qu’il apparaît clair au lecteur que je suis que Mikhail s’est suicidé. Que cette idée ne traverse pas la tête de Misha surprend car la petite est vive d’esprit.

L’épilogue dénonce l’exploitation de Mme Wong qui vend des « monstres biologiques nés de manipulations génétiques complexes », une caricature des fleurs du vieux botaniste. On hausse les épaules devant cette indignation car ces expériences en botanique sont fort répandues et acceptées depuis longtemps. Combien de variétés de fleurs ont ainsi été créées ? L’auteure ne fait pas référence ici aux OGM qui constituent un tout autre problème.

Le sujet de la nouvelle d’Annie Angers est proche des intérêts de l’auteure puisque celle-ci a étudié en écologie à l’Université de Sherbrooke. Il faut plus que de l’intérêt pour écrire un bon texte, il faut aussi maîtriser la construction narrative et la psychologie des personnages. « Jardin interdit » en est une preuve éloquente. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 6-7.