À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Le Préambule
Titre et numéro de la collection
Chroniques du futur - 9
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Aurores boréales – 2
Pagination
253-290
Lieu
Longueuil
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Talitha la Voyageuse s'est matérialisée sur une nouvelle Terre. D'habitude, il lui est possible de repartir par le Pont, toujours présent sous une forme ou une autre, dans cet arbre-univers humanoïde qu'elle sillonne depuis tant d'années, selon un schéma dont elle a appris à reconnaître les répétitions : une fois sur trois sur une Terre semblable à celle dont elle est partie, l'autre sur une planète qui n'est pas la Terre et enfin, sur une Terre submergée, comme ici. Elle sillonne la planète afin de trouver le Pont. Il n'existe pas, ne pourra jamais être construit tant la décadence est importante. Désespérée, Talitha passe quelques années à se documenter sur cette Terre et en particulier sur ces artefacts qui métissent la population. Puis elle revient au village qui l'a vue apparaître sur cette Terre, étudie l'étrange symbiose qui unit les humains terrestres et marins, essaie de comprendre leurs traditions, leurs mythes. Une nuit, après une beuverie, elle rêve que le vieux Pilki disparaît lors d'une cérémonie mettant en scène cette marelle spiralée qui rappelle la coquille du nautile. Se peut-il qu'ils aient la possibilité de Voyager sans l'appui technique du Pont, qu'ils puissent aborder d'autres arbres-univers, ce qu'elle a toujours rêvé de faire ?

Commentaires

Comme le souligne l'anthologue, « Le Jeu des coquilles de nautilus » d'Elisabeth Vonarburg « …fait le lien entre le monde des métamorphes et celui des voyageurs du Pont, les deux thématiques centrales de son œuvre jusqu'à ce jour ». C'est une nouvelle longue et dense, au statisme parfois pesant – je pense à ces difficiles explications sur les mythes de la Création selon Tilitha – qui demande beaucoup d'investissement et de concentration de la part du lecteur qui, pour la goûter pleinement, doit avoir lu une bonne partie de l'œuvre de l'auteure.

À son habitude, Vonarburg maîtrise parfaitement son texte. Séparé en trois parties distinctes, la première relate les circonstances de l'arrivée de Talitha sur cette Terre, la deuxième parle de ses recherches vaines afin de trouver le Pont pour repartir. La troisième, le journal de la Voyageuse, narre son séjour au village, ses relations avec Tilitha – son double dans cet univers – et son éveil aux mythes locaux et à tout ce qu'ils impliquent.

Il est intéressant de voir l'évolution du schéma de pensée du personnage principal. Parlant naïvement au début de ses aspirations de voyageuse déçue de ne pas pouvoir changer d'arbre-univers, elle en vient graduellement à se forger, grâce aux enseignements qu'elle peut tirer des habitants de cette Terre usée – qui est la nôtre, incidemment, dans un lointain futur – une vision beaucoup plus réfléchie de ce destin qui l'a ballotée d'une Terre à l'autre, de ce but ultime qu'elle a toujours cru poursuivre sans jamais en être totalement assurée.

Jonction d'arbres-univers pour Talitha, aboutissement des deux voies importantes de l'imaginaire de l'auteure, « Le Jeu des coquilles de nautilus », tout comme « Coma 123, Automatex » pour Jean-Pierre April, marque un point d'orgue dans le cheminement littéraire d'Elisabeth Vonarburg. Doit-on prévoir un tournant majeur ? [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 139-140.