À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 72
Pagination
7-10
Lieu
Hull
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Veuf et sans enfants, John Crow vit sur sa terre, entouré de “Sauvages” et d’étranges errants nocturnes qui hantent les bois. Une nuit, John blesse une des leurs, une jeune adolescente qui reviendra peu après, inexplicablement guérie. Déchiré entre la méfiance et la fascination physique, il la suivra, subjugué, jusqu’à la clairière des errants et y découvrira cent John Crow de tous âges, sexes, races et tailles qui se mettront, par couples, à tournoyer autour du feu, se fondant graduellement en une seule entité à l’unique visage, le sien.

Commentaires

Avec une économie de moyens – sujet simple et peu de personnages –, l’auteure a écrit une nouvelle d’atmosphère captivante et bien dosée, évitant les clichés freudiens faciles à servir avec un thème comme celui du dédoublement de soi. Au contraire, elle livre un récit intimiste dans lequel on suit John Crow dans sa maison comme dans sa tête. Des phrases courtes et très ponctuées s’accordent à ce rythme intérieur, d’où le peu de dialogues tous intégrés au corps du texte et une cadence, un rythme lent et cassé, plein de silences qui en disent autant que les mots.

Plusieurs interprétations de ce texte sont possibles. Certains favoriseront le récit d’un simple délire psychotique, d’autres s’attarderont à la richesse des nombreux symboles implicites ou explicites susceptibles de donner matière à des conclusions psychanalytiques aventureuses : ambivalence du désir sexuel, remise au monde du personnage principal par lui-même (son double féminin ?), vertige de la perte d’identité et du dédoublement de personnalité, fusion harmonieuse et mystique des êtres.

Mais je ne m’y risquerai pas, préférant à l’analyse psychocritique hasardeuse du récit conclure qu’on se trouve en face d’un texte à la fois beau, profond, obscur, troublant du fait que si on en appréhende les multiples interprétations, on ne peut vraiment s’attacher à l’une d’elles, mais dont l’écriture maîtrisée procure une lecture satisfaisante. [LSP]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 145-146.