À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un météore traverse le ciel d’un village au moment de la naissance d’un garçon baptisé Julio. Au cours des mois suivants, trois hommes du village meurent successivement en cherchant dans la montagne la météorite qui a dû aboutir sur les hauteurs qui surplombent le village. Du coup, on cesse de surnommer le bébé Julio l’Étoile et, durant toute son enfance, on lui cache les circonstances de sa naissance. Quand il les apprend à l’adolescence, il s’aventure dans la montagne à son tour et monte jusqu’à un creux tapissé de fleurs en forme d’étoile qu’il va ramener au village pour les cultiver.
Commentaires
Michelle Guérin signe un conte à la limite de la fable et du fantastique ou de la science-fiction. En soi, l’hésitation qu’elle permet en ferait du fantastique todorovien, car rien n’est affirmé. La mort des trois hommes partis dans la montagne pourrait relever de la coïncidence et les fleurs inconnues – de simples edelweiss ? – seraient tout bonnement restées inaperçues des villageois parce qu’elles poussaient à l’écart.
Si le creux où Julio les découvre est un cratère, il s’agit peut-être alors de fleurs extraterrestres, mais l’hypothèse science-fictive d’un météorite qui en transportait les graines originaires d’une planète lointaine – ou même d’une capsule fabriquée par une autre civilisation soucieuse de répandre sa flore – n’expliquerait pas la mort des trois hommes.
Enfin, si on ne se pose pas de questions sur la nature des événements, l’équipée de Julio dans la montagne pour en ramener des fleurs que les villageois s’arrachent pourrait aussi figurer une parabole sur les dons de la jeunesse et de l’audace, qui enrichissent le quotidien des gens mêmes qui méprisent les héros à qui ils les doivent. La tentative des villageois de lui dérober ses fleurs ferait alors écho aux incursions illégitimes des trois hommes, la disparition de ces derniers annonçant le flétrissement des fleurs dans les mains des voleurs. Le conte cacherait alors une leçon sur les vertus d’un cœur pur.
Quoi qu’il en soit, la poésie qui se dégage de la narration et le style d’un niveau soutenu de bout en bout en font une lecture d’un rare agrément. [JLT]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 232.
