À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la série
Les Chroniques infernales - 1
Titre et numéro de la collection
Sextant - 9
Genre
Fantasy
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
243
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
ISBN
9782890377745
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Depuis douze ans, Lame survit dans les Enfers mous, en compagnie de larves. Sans cesse affamés et avides de jouissances physiques, ses semblables sont condamnés à prendre continuellement de l’expansion, jusqu’à devenir incapables de se mouvoir. À ce moment-là, des fourmis s’affairent auprès des larves gigantesques, qui poursuivent leur croissance dans la terre, jusqu’à se confondre avec elle.

Pour sa part, Lame résiste tant bien que mal à ses pulsions physiques, s’accrochant à son rôle de secrétaire des Enfers mous pour éviter de s’abandonner une fois pour toutes à ses penchants charnels. Jusqu’au jour où un jeune homme, qu’elle nomme Vaste, s’attarde à l’entrée des Enfers mous, nanti d’un sauf-conduit. Il reviendra par la suite pour délivrer Lame et ils s’installeront dans un château situé à la frontière entre différentes régions des Enfers. Vaste est en effet le tuteur du prince Rel, qui viendra sous peu apprendre à manier les armes au château.

Mais, alors que Lame maigrit lentement et reprend peu à peu le contrôle de son corps, elle découvre également la véritable nature de Vaste, qui s’avère cruel et égoïste. Néanmoins, son sort lui convient davantage au château qu’aux Enfers mous, surtout lorsqu’elle fait la rencontre de Rel, le prince des Enfers, un être énigmatique qui n’est pas sans lui déplaire et qui l’engage comme secrétaire. Après une étreinte passionnée avec le futur souverain dans un carrosse en direction d’Arxann, la capitale des Enfers, Lame tente de venir en aide à Vaste, qui, pour avoir tué avec le roi plusieurs de ses sujets, est contraint à brûler aux Enfers durs. Secondée par Roxanne, la « bonne âme », Lame entreprend d’alléger ses tourments en allant chanter près des damnés qui rôtissent dans le brasier infernal.

À mesure que le temps passe, Lame renoue avec Rel, qui lui annonce la mort imminente de ses parents et son règne prochain, qu’il souhaite moins cruel que celui de son père. Vaste finit par guérir, son ingratitude envers Lame le condamnant à nouveau aux Enfers chauds, sauf s’il trouve un compagnon en cent jours pour la jeune femme. Ce compagnon, ce sera finalement Rel, avec qui Lame régénérera les Enfers, désormais prêts à un recommencement…

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Commentaires

Avec Lame, Esther Rochon offre un roman flamboyant, qui inaugure sur les chapeaux de roues la série Les Chroniques infernales, qui comprendra aussi Aboli (1996), Ouverture (1997), Secrets (1998), Or (1999) et Sorbier (2000), tous publiés aux Éditions Alire.

Pourvue d’un imaginaire unique, l’auteure dépeint des contrées dépaysantes et crédibles, dans lesquelles ses personnages évoluent avec aisance. Les différentes époques sont ici amalgamées avec un certain amour pour le baroque, les carrosses côtoyant les tapis roulants. Cet aspect composite, qui pourrait en rebuter certains, est cependant intégré avec tant de naturel que le lecteur s’acclimate rapidement à l’univers de la romancière. Car nous sommes loin, dans ce récit, d’une vision classique de l’Enfer, si ce n’est que les damnés y sont aussi châtiés pour leurs crimes et que l’endroit est dirigé par un souverain cruel qui n’est pas sans rappeler Lucifer. Mais là s’arrêtent les comparaisons : les Enfers mous, où s’entassent les larves en perpétuelle croissance, sont à l’image de l’inventivité et de l’apport personnel de l’écrivaine à la mythologie infernale.

En ce sens, la première partie du livre, qui prend pour cadre les Enfers mous, est à mon avis la plus intéressante, dépeignant avec originalité les sévices endurés par les larves au fur et à mesure que leurs corps deviennent inaptes au plaisir. La suite du récit, qui se trame sur plusieurs années, m’a par conséquent semblé moins prenante, notamment parce que l’attachement de Lame envers Vaste, qui ne se gêne pas pour la battre et l’humilier, n’est pas toujours justifié, la jeune femme entêtée n’ayant guère le profil d’une « femme battue ». Certes, la damnée est reconnaissante que Vaste l’ait sortie des Enfers mous, mais son dévouement paraît parfois excessif, plus ou moins vraisemblable.

Les visites de Lame aux Enfers chauds, où Vaste brûle comme une « saucisse » tandis qu’elle joue de la lyre, donnent cependant lieu à de très belles scènes, habilement décrites, qui ouvrent la porte à d’intéressantes perspectives pour le reste de la série (tout comme les mentions des Enfers froids, qui m’ont particulièrement intriguée et dans lesquels se déroule le tome 2 des Chroniques infernales).

La relation de Lame avec Roxanne, la « bonne âme », s’appuie quant à elle sur des assises plus solides. Il en résulte une incursion dans la vie passée de Roxanne, cette sous-intrigue m’ayant toutefois moins interpellée que la quête principale de Lame, chez qui l’affection envers le prince Rel est croissante, teintée d’ambivalence. Par ailleurs, les dialogues entre Lame et Roxanne m’ont parfois semblé manquer de naturel, un peu froids et plaqués, particulièrement dans le chapitre « Éléments de l’autobiographie de Roxanne ».

Mais cela n’atténue en rien le plaisir de lecture de Lame, dont l’écriture est fluide, portée par une voix personnelle et aisément reconnaissable. Bref, voici une œuvre phare de la science-fiction et du fantastique québécois, avec un imaginaire singulier, à nul autre pareil. Le début d’une fresque à ne manquer sous aucun prétexte ! [AG]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 162-163.

Références

  • Bonin, Pierre-Alexandre, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec IX, p. 155-156.
  • Chatard, Jean, Le Mensuel littéraire et poétique 245, p. 14.
  • Dupuis, Simon, Solaris 113, p. 42-43.
  • Fortin, Marie-Claude, Voir, cahier Livres, mars 1995, p. 5.
  • Lacroix, Pierre, Temps Tôt 36, p. 53.
  • Laplante, Laurent, Nuit blanche 113, p. 30.
  • Létourneau, Gina, Voir, cahier Livres, juin 1995, p. 10.
  • Trudel, Jean-Louis, KWS 13-14, p. 54-57.