Lampe éteinte (La) – 2

Une lampe a été conçue par un bijoutier pour éclairer durant un siècle. C’est un étudiant en droit de vingt et un ans qui la possède présentement ; il en a profité toute sa vie. La lampe merveilleuse lui donne l’énergie d’étudier jusqu’aux petites heures du matin. Mais une nuit, elle s’éteint. L’étudiant perd immédiatement sa brillance intellectuelle.

Voici un conte bref qui s’interrompt pourtant trop vite, après avoir commencé de façon lacunaire. Comment au juste la lampe miraculeuse est entrée en possession du jeune étudiant, on ne le saura jamais. Il en a profité depuis sa naissance, nous dit-on, ce qui pourrait servir à expliquer la catastrophe qui se produit lorsque la lampe s’éteint. Beaucoup de mots sont utilisés pour décrire les conditions de vie du jeune homme, tandis que les pouvoirs de la lampe ne sont abordés que tangentiellement. Ainsi, jamais on ne nous dit que la lampe a le pouvoir d’éclairer sans utiliser de combustible, ce qui, je crois, doit être la seule raison de la qualifier de miraculeuse, parce que sinon, une lampe à huile encore utilisable après un siècle, ce n’est quand même pas du domaine de l’impossible. Je me demande aussi si l’étudiant était capable de l’éteindre temporairement, cette satanée lampe, histoire de pouvoir dormir un peu, et combien ses parents ont dû la payer – mais je m’égare.
L’extinction de la lampe n’est jamais justifiée – était-elle au terme de ses cent ans de fonctionnement ? La perte conséquente de l’étincelle de génie de l’étudiant complète ce qui aurait dû être la mise en place d’une nouvelle fantastique, sauf que le conte s’arrête sur ce constat. Note finale : D. Cause : travail incomplet. [YM]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 186-187.