À propos de cette édition

Éditeur
Écrits du Canada français
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Écrits du Canada français 77
Pagination
29-37
Lieu
Montréal
Année de parution
1993

Résumé/Sommaire

Lors du lancement de son dernier livre, un écrivain présente à son ami André l’un de ses personnages féminins (Sylvie). Cette femme, invisible, se balade en toute liberté dans l’attente d’une « incarnation » dans un récit. Étonnamment, André voit cette femme. Et il tombe sous l’envoûtement. Après le lancement, André part avec Sylvie, l’écrivain retourne à ses écritures. Ce dernier termine un conte fantastique dans lequel il met en scène un collectionneur, Eugène, qui fera le désespoir de ses héritiers. Une fois au ciel, Eugène continue à collectionner : vieilles harpes, ailes d’anges, etc. Jusqu’à ce que le ciel se déverse dans la cour de la maison que les héritiers finissaient de vider. Quant à André et Sylvie, ils filent le parfait bonheur.

Puis un jour, l’écrivain est invité à leur lancement. C’est avec stupéfaction qu’il reconnaît là, sous la forme d’un énorme papillon, son ami André, et qu’il assiste à la migration des amants vers le Sud. Secoué, l’écrivain revient à la maison. L’attend dans sa cour un amoncellement de vieilles harpes et d’ailes d’anges.

Commentaires

« Le Lancement » raconte deux histoires : celle de l’écrivain qui présente André à Sylvie, et celle du collectionneur Eugène. Le seul lien véritable entre ces deux récits est dans la chute finale qui suggère l’intervention d’Eugène dans la réalité de l’écrivain. Mais le lien reste ténu, facile. Enfin, un troisième récit moins développé, dans lequel un étudiant raconte la métamorphose d’André en papillon, vient se greffer aux deux précédents.

L’entremêlement des trois récits, qui fait appel à trois niveaux de narration, génère une certaine confusion et une certaine frustration. Aucun des récits n’est approfondi, fouillé. « Il m’arrive d’avoir l’esprit occupé par trois ou quatre projets de contes et de ne pas trop savoir lequel écrire en premier », affirme le narrateur-écrivain au début du conte. Et c’est l’impression qui reste de cette lecture.

Plusieurs projets intéressants sont pourtant esquissés, qui exploitent les rapports entre fiction et réalité, le dédoublement de l’écrivain et la mise en abyme. Je pense à la matérialisation du personnage en attente d’une histoire (ce n’est pas nouveau en fantastique, mais l’idée peut donner lieu à des récits fascinants), à la métamorphose d’André alors qu’il récite de la poésie dans sa salle de cours, à la collection fictive d’Eugène qui se déverse dans la cour de l’écrivain (fiction et réalité se rejoignent). Mais la magie des mots et des images n’opère pas. Le lecteur assiste, étranger, à un itinéraire qui ne mène nulle part. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 59-60.