À propos de cette édition

Éditeur
Berthiaume & Sabourin
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
Le Monde illustré, vol. XV, n˚ 771
Pagination
646-647
Lieu
Montréal
Date de parution
11 février 1897

Résumé/Sommaire

Après un bref échange avec le père François dont le seul amour de jeunesse fut pour la belle Louise, le narrateur nous fait part d’une légende de la région de Saint-Hilaire. Au flanc du mont du même nom, une grotte inaccessible était réputée abriter trois fées, deux généreuses mais la troisième fort crainte, car elle veillait à châtier quiconque doutait de l’existence du surnaturel.

La jolie Louise Jeancoton, promise au jeune François mais intéressée au beau Paul Hadd, se montrera sceptique après le récit du gros Toine Pion et ira jusqu’à défier « toutes les fées de la terre de [lui] faire quoi que ce soit ». Dès le lendemain, elle disparaîtra à jamais au cours d’une cueillette de cerises près du mont Saint-Hilaire.

Commentaires

Remuna livre ici deux variations sur le thème – incontournable dans le fantastique traditionnel canadien-français – de la transgression châtiée. Première transgression, de la part d’une Louise pourtant brave fille : le non-respect des volontés matrimoniales de ses parents. Bien que les deux familles aient convenu du mariage de François et de Louise (dès leur enfance), Louise en fait peu de cas et va jusqu’à danser avec un petit-fils d’étranger (l’aïeul Hadd était un officier allemand venu avec l’armée britannique).

Deuxième transgression : il est implicitement interdit de se montrer sceptique face au surnaturel, il est mal vu de se montrer rationaliste ou cartésien au lieu d’adhérer aux valeurs spirituelles. Ces valeurs adoptent ici le costume des fées-marraines. Mais on peut, sans crainte de pousser trop loin l’extrapolation, y inclure la foi et la soumission aux dogmes religieux.

Laquelle des deux transgressions aura provoqué le châtiment ? La seconde, à l’évidence. Tout se passe comme si Remuna avait voulu en montrer deux pour faire bonne mesure. Notons au passage une allusion aux Parques, dont on se demande quelle proportion des lecteurs du Monde illustré aura eu la culture nécessaire pour la comprendre. [DS]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 167-168.