À propos de cette édition

Éditeur
L'Opinion publique
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
L'Opinion publique, vol. III, n˚ 19
Pagination
226
Lieu
Montréal
Date de parution
09 mai 1872

Résumé/Sommaire

Le narrateur cheminait avec le père Comeau à proximité des forges du Saint-Maurice quand il invite ce dernier à lui raconter les légendes qui courent sur ces installations. Défilent alors une série de faits étonnants, vérifiés ou non, qui tous contribuent à accréditer la légende voulant que la propriétaire des terrains situés autour des forges ait légué, au moment de sa mort, ses biens au diable par suite d’un différend qui l’opposait au propriétaire du Fourneau.

Commentaires

« Légendes des forges du Saint-Maurice », seul récit connu de Mgr Napoléon Caron, est moins un conte qu’un texte d’information visant à rassembler tous les morceaux épars de la légende entourant les forges du Saint-Maurice. C’est ainsi qu’on apprend comment la croyance populaire a fini par considérer ce lieu comme l’antre du diable, comment il se manifeste sous diverses apparences. L’auteur présente aussi un personnage coloré et hors du commun, Édouard Tassé, qui entretient avec le diable une relation cahoteuse et réussit à lui tenir tête.

On ne peut déterminer la part attribuable à l’inconscient dans l’association d’images mais un fait demeure : l’association entre les Forges et le diable est l’une des plus riches et des plus naturelles qui se puissent imaginer. Pour le lecteur du XIXe siècle, empreint de l’iconographie religieuse montrant l’enfer comme un endroit où brûle le feu éternel, les Forges représentent assurément un lieu de refuge tout indiqué pour le diable qui retrouve ainsi son élément.

On pourrait aussi y voir une spectaculaire métaphore de la société industrielle à laquelle on sacrifie des vies humaines et qui instaure chez l’homme un nouvel esclavage. Mais là, l’auteur n’en était certes pas conscient.

Le texte de Caron rappelle l’entreprise d’Hubert LaRue dans « Les Légendes de nos ancêtres » qui fait le point sur les différentes méthodes pour se débarrasser des lutins et des feux follets et pour se jouer des ruses du diable. Caron collige plusieurs informations que d’autres conteurs utiliseront plus tard et nous familiarise avec diverses manifestations du diable (un gros chat noir, notamment).

On ne s’étonnera pas que l’auteur n’ait aucun souci de la dramatisation. Le ton est plutôt didactique et on se surprend à se demander, à la lecture du dernier paragraphe, si l’auteur n’a pas voulu rédiger un prospectus touristique avant tout. En rappelant avec une fierté à peine dissimulée le cachet légendaire des forges du Saint-Maurice, Mgr Caron fait œuvre de rédacteur publicitaire autant que de conteur littéraire puisque sa prose se met au service de la promotion de cette région baignée par la rivière Saint-Maurice. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 41-42.