À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Alire
Titre et numéro de la collection
Romans - 29
Genre
Fantasy
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
308
Lieu
Beauport
Année de parution
1999
ISBN
9782922145342
Support
Papier+
Illustration

Résumé/Sommaire

Dans le village de Faudace, tous les habitants doivent se conformer à la Règle, un recueil de préceptes sévères dont la stricte observance entrave les corps et les esprits. Le petit Adelrune grandit entre deux parents adoptifs austères et peu aimants qui lui apprennent à ânonner les prescriptions et interdictions de la Règle. Mais un jour, sa vie est bouleversée par la découverte au grenier d’un beau volume aux images enluminées : le Livre des Chevaliers.

Ressentant l’appel des illustrations majestueuses illustrant les nobles héros sans peur et sans reproche, Adelrune est bien résolu à apprendre à lire pour comprendre les textes qui les accompagnent, quitte à fréquenter l’école des clercs où on vous apprend ad nauseam tous les textes de la Règle. Mais après avoir acquis les connaissances qui lui donnent accès au monde de la chevalerie, Adelrune supporte de plus en plus mal l’étroitesse d’esprit des gens de son village et la mesquinerie de ses parents. À la suite de l’étrange rencontre, dans une obscure boutique, d’une poupée étrangement humaine pour un jouet, le jeune garçon se résout à quitter son village natal pour entamer sa quête, la quête d’un apprenti chevalier.

Peu après son départ, il rencontre, sur le chemin de sa nouvelle vie, Riander, son mentor, qui lui apprendra tout du métier et de la mission d’un chevalier. Devenu un homme robuste par l’intervention magique de Riander, Adelrune repartira de chez son maître armé pour vivre une suite d’aventures qui le mènera à la rencontre de bêtes de cauchemar, d’un magicien sournois et d’une belle princesse un peu névrosée dont le père règne en roi-capitaine sur un vaisseau vaste comme un continent.

Première parution

Book of Knights (The) 1998

Commentaires

Le Livre des Chevaliers est l’histoire d’un enfant qui entame la quête de son existence en refusant l’univers étouffant de rigorisme moral dans lequel il est élevé. Avec ce roman foisonnant de rebondissements et de personnages insolites, nous plongeons dans l’univers déroutant de la fantasy, un genre qui paraît se situer entre le conte de fées, le roman courtois et l’univers des mousquetaires à la Dumas. Dans Le Livre des Chevaliers, le temps historique est indéfini tout autant que le lieu géographique de l’action. Sommes-nous dans le haut Moyen Âge ou tout simplement sur une planète qui en a les apparences ? L’auteur n’a cure de nous en informer et, de fait, ça n’a aucune importance. Ce monde, un peu comme celui du Seigneur des anneaux de Tolkien, existe per se et dévoile les lois qui le régissent au fil du récit.

Le Livre des Chevaliers a de fort belles qualités qui ont tout pour plaire aux garçons adolescents, aux jeunes adultes et aux plus vieux qui se souviennent des grands efflanqués qu’ils furent naguère, maladroits, idéalistes et pénétrés d’aspirations chevaleresques. Car ce roman épique et picaresque est d’abord et avant tout un récit initiatique, l’histoire de la quête d’identité d’un jeune homme. Il n’est pas un garçon nord-américain qui ne ressentira un élan de gratitude à la lecture de ce conte qui voit un jeune soumis au pouvoir paternel et à l’oppression sociale prendre le risque de quitter un environnement aliénant et un cercle familial sclérosé qui, bien qu’étouffant, représente son seul foyer. C’est l’éternel pari de la prise en charge de l’individualité, de la rébellion cent et mille fois vécue de la jeunesse contre le rigorisme de l’ordre établi. Ajoutons en prime le fondamentalisme des habitants de Faudace, qui n’est pas sans rappeler le jansénisme religieux qu’a connu le Québec et qui sévit encore dans l’Amérique profonde et nous obtenons un livre d’une profondeur réjouissante pour une littérature d’aventures.

Pour achever en beauté le portrait psychosocial, l’histoire se termine par un règlement de comptes final de l’enfant devenu chevalier avec (signe des temps ?) non pas une, mais les deux figures paternelles du récit – on ne vous raconte pas puisqu’il s’agit là d’un effet de surprise très réussi de ce livre tout aussi riche en rebondissements qu’en archétypes chevaleresques.

Yves Meynard révèle une fois de plus une grande maestria dans l’art de créer des univers insolites et de plonger le lecteur dans des atmosphères denses et changeantes. Malgré qu’il contienne toutes ces bonnes choses, Le Livre des Chevaliers comporte néanmoins quelques défauts. Les liens entre les divers épisodes des aventures d’Adelrune ne sont pas tissés suffisamment serrés. Par conséquent, le récit manque d’unité et on a parfois l’impression d’assister à une suite de péripéties alignées les unes après les autres. L’absence d’intériorité du personnage concourt à cet effet de morcellement de l’action. La conclusion du livre en souffre et, bien que l’auteur boucle soigneusement la boucle amorcée au début de l’histoire, on garde l’impression d’une fin hâtive, un peu improvisée et légèrement tirée par les cheveux… même pour une œuvre de fantasy.

Autre réserve : Yves Meynard a écrit l’œuvre originale directement en anglais et s’est pour ainsi dire traduit lui-même pour l’édition française de The Book of Knights. C’est probablement la raison pour laquelle le texte comporte d’assez nombreuses lourdeurs et des maladresses rhétoriques qui produisent un style curieux qui nous distrait parfois du plaisir de la lecture. Cette trame littéraire un peu syncopée et cette littérarité boiteuse donnent à penser que nous nous trouvons là devant un scénario parfait pour le cinéma. Il s’en faudrait de très peu que ce soit un excellent livre. [PB]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 121-122.

Prix et mentions

Prix Boréal 2000 (Meilleur livre)

Références

  • Anonyme, Le Libraire 5, p. 40.
  • Bérard, Sylvie, Lettres québécoises 102, p. 35.
  • Campion, Blandine, Spirale 179, p. 30.
  • Fortin, Mathieu, Brins d'éternité 8, p. 9.
  • Martel, Julie, Solaris 126, p. 38.
  • Mercier, Claude, Proxima 4, p. 66-67.
  • Navarro, Pascale, Voir (Montréal), 02/08-12-1999, p. 38.
  • Vonarburg, Élisabeth, La Presse, 07-05-2000, p. B 4.
  • Vonarburg, Élisabeth, Solaris 132, p. 45-46.