À propos de cette édition

Éditeur
Imprimerie Grenier
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Petit Recueil littéraire, vol. II, n˚ 21
Pagination
185-186
Lieu
Sainte-Cunégonde
Date de parution
01 septembre 1890

Résumé/Sommaire

Cela se passait il y a dix ans par une belle soirée chaude. Quelqu’un avait demandé au père Belot de raconter aux autres personnes présentes l’histoire de la Faquin. Marie Fleury était la plus belle fille de toute la région des Trois-Rivières. Tous les garçons la désiraient mais les parents de Marie, fiers de leur fille, la réservaient à un homme qui aurait de la fortune. Elle avait fini par épouser Victor Faquin, un habitant des environs devenu riche du jour au lendemain. Mais dès la brunante, Victor se transformait en loup-garou et ne rentrait chez lui qu’au petit matin. Après trois mois d’inquiétude et de désarroi, ayant deviné qu’il avait vendu son âme au diable, Marie l’avait délivré une nuit quand elle avait blessé aux pattes un cheval blanc qui se cabrait devant elle…

Commentaires

Tout conteur du XIXe siècle qui se respecte a son histoire de loup-garou. Quand on en a lu quelques-unes, on se lasse vite de ce genre de contes car le canevas est le même d’un texte à l’autre : un homme victime du loup-garou est délivré quand quelqu’un lui inflige une blessure avec un couteau.

Aussi, le seul intérêt se trouve dans les détails qui, à travers leur disparité, forment un ensemble de variantes surprenant qui en dit long sur l’évolution de l’image de cet être plus pitoyable et malheureux que dangereux ou maléfique. Dans « Le Loup-garou » de É.-Z. Massicotte, Victor Faquin est transformé en loup-garou parce qu’il a vendu son âme au diable en échange de la fortune qui lui vaudra aussi la main de Marie Fleury. Il y a évolution du schème traditionnel voulant que celui qui n’a pas fait ses Pâques sept années consécutives soit changé en loup-garou.

Autre variante significative : non seulement Victor Faquin se métamorphose en cheval à la tombée de la nuit, mais ce cheval est blanc alors que le loup-garou classique est un chien-loup au poil sombre ou un cheval noir, comme dans le conte d’André-Napoléon Montpetit, qui l’associe à la figure du diable.

Il est possible que Massicotte ait voulu ainsi signifier que les motivations de son personnage n’étaient pas foncièrement mauvaises mais dictées par l’amour. C’est d’ailleurs l’amour, sujet sur lequel l’auteur se fait discret mais qui s’inscrit en filigrane tout au long du texte, qui le sauve puisqu’une fois délivré, Victor vécut heureux avec Marie.

Cependant, il y a des règles auxquelles le conte de loup-garou ne déroge pas : l’histoire finit toujours bien et la victime du loup-garou n’est jamais une femme. Malgré ses variantes intéressantes, le conte de Massicotte, dont l’anthologie Conteurs canadiens-français du XIXe siècle parue en 1902 est un classique, n’y échappe pas. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 135-136.