À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Ce que disait Alice
Pagination
53-57
Lieu
Québec
Année de parution
1989

Résumé/Sommaire

Un professeur consacre tout un été à préparer dans l’isolement complet le cours LT-6200 (littérature comparée) qu’il rêvait de donner depuis des années. Le jour de la rentrée, il se présente devant ses élèves. À leurs réactions, il se rend compte qu’il a subi une métamorphose comme les héros des récits qui composent son cours et doit encaisser les sarcasmes du vieux professeur qu’il a remplacé.

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Commentaires

La littérature québécoise étant faite par des professeurs, il est inévitable que plusieurs textes mettent en scène des professeurs comme personnages principaux et qu’ils soient marqués par leurs préoccupations. Ce fut le cas de Gérard Bessette dans ses derniers romans, de François Hébert, de François Gravel et, plus récemment, de Luc Lecompte. La liste pourrait s’allonger encore.

Heureusement, Normand de Bellefeuille ne se prend pas au sérieux et il est capable d’autodérision. À l’instar d’André Belleau dans « Le Fragment de Batiscan », l’auteur fonde sa nouvelle sur l’intertextualité, une pratique fort répandue chez les écrivains qui sont aussi enseignants, particulièrement chez les poètes. En effet, les quatre livres qui font l’objet du cours que pré­pare le professeur expliquent sa transformation physique. Qu’il suffise de mentionner au nombre des œuvres sélectionnées Le Sein de Philip Roth et La Métamorphose de Kafka pour comprendre où veut en venir l’auteur.

Son style est élégant, naturel, sans afféterie, ce qui est tout à l’honneur de l’auteur qui a longtemps pratiqué la poésie. De plus, de Bellefeuille ne s’appesantit pas sur la mésaventure de son personnage. Il en profite pour se moquer du conservatisme du système pédagogique, de l’esprit corporatiste et des petites rivalités mesquines qui caractérisent le monde de l’enseigne­ment universitaire (nouveau coup de chapeau à André Belleau).

« LT-6200 » est le seul texte du recueil qui bascule dans le fantastique. Les autres s’arrêtent toujours à quelques pas de la rupture définitive, les ob­sessions des personnages étant insolites, bizarres mais pas aussi rares qu’on pourrait le croire. L’auteur transpose dans ses nouvelles des cas légers de psychopathologie de la vie quotidienne qui semblent sortir tout droit du cabinet de M. Freud. Une réussite dans le genre. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 26-27.