À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 100
Pagination
15-26
Lieu
Hull
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Célibataire endurci, couvé sans trève par sa redoutable mère, le docteur Grandmaison, brillant mathématicien, est à nouveau convié à participer aux travaux du professeur Luckenbach et de sa délicieuse assistante, l’ingénieure Lulita Duke. Il quitte donc l’Université Laval et son nid douillet de Québec pour un laboratoire rien moins que traditionnel situé à Montréal. Il y étudiera les modifications de la constante cosmologique. Les résultats concrets de cette étude – modifications du champ gravitationnel, distorsions spatiotemporelles, etc. – parfaitement explicables, selon les chercheurs, dépassent cependant de beaucoup leurs prévisions. Les scientifiques et leurs nombreuses victimes se retrouveront par téléportation aux quatre coins du monde.

Autres parutions

Commentaires

On retrouve ici avec beaucoup de plaisir les inénarrables personnages de « Dieu, un, zéro » : le savant fou, le mathématicien aussi génial que timide et casanier, l’assistante aussi géniale que jolie. Le personnage de la mère est campé avec justesse de façon très amusante, et on s’attache à l’atmosphère saugrenue et chaleureuse du laboratoire. Les batailles entre scientifiques sont peut-être longuettes, mais c’est sans doute le rêve de bien des chercheurs de se battre à coups de poing avec certains collègues : Joël Champetier nous explique fort bien en quelques mots les problèmes et les frustrations liés à la pratique de la Science.

« Luckenbach… » est un texte léger et plein d’humour ; on n’y retrouve pas les grandes questions qui, même de façon humoristique (le rapport entre science et religion, dans « Dieu… » par exemple), sous-tendent fréquemment les textes extrêmement variés de Champetier. La constante cosmologique elle-même, pivot de la nouvelle, me semble un peu inconsistante par rapport aux autres brillants concepts forgés par le professeur Champetier dans ses divers “papiers”.

Ce n’est pas très grave, car ce qui frappe surtout dans la nouvelle, c’est la force et l’étrangeté des magnifiques images de l’altération engendrée par les modifications de ladite constante. La description des effets de la distorsion spatio-temporelle sur Montréal l’après-midi, ou sur les déplacements de la pauvre madame Grandmaison dans une pièce totalement déformée (toujours à cause de la constante) est extraordinaire. Ces très belles images me font penser (angoisse et expectative en moins) aux fascinantes descriptions d’un cataclysme et de l’atmosphère qui l’entoure dans le Nous Trois de Jean Échenoz.

Conclusion : malgré quelques petites réserves, dues à la qualité même des autres textes de l’auteur, plaisir de lecture garanti sur plusieurs plans avec « Luckenbach… » Revenez-nous vite, monsieur Champetier. [HC]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 55-56.