À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 39
Pagination
115-125
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Lukas 19 aura bientôt quinze ans et il devra quitter l’Institut d’adoptions puisqu’il n’a pas trouvé preneur. Le directeur veut cependant exploiter son talent de musicien en le liant par contrat à une compagnie de production musicale. L’adolescent s’enfuit et est recueilli par Padrino, un vieil homme qui a connu son père. Lukas est partagé entre une carrière de musicien et le goût de tenter sa chance en informatique.

Autres parutions

Rééditions Traductions Anglais

Commentaires

Jean-Louis Trudel aborde dans « Lukas 19 » le thème obligé de la littérature de jeunesse : le désir d’autonomie. Ce qu’on appelle la “crise de l’adolescence”, c’est d’abord et avant tout une quête d’identité, un immense besoin d’affirmer sa personnalité, mais aussi une réaction de révolte contre l’autorité.

L’auteur traite ce sujet avec beaucoup de discernement et d’originalité car cette préoccupation très légitime de l’adolescent est introduite par le thème éculé du clonage qu’il renouvelle brillamment. Lukas 19 est en effet la dix-neuvième réplique de Lukas Sarakina, célèbre musicien mort en pleine gloire. Le jeune homme tente de se débarrasser du poids de son héritage génétique mais il se rend compte que le déterminisme biologique pèse lourd. Le don naturel qu’il possède est plus fort que les aptitudes qu’il tente de développer.

Lukas finit par accepter son don pour en faire profiter les autres, ce qui pourrait être perçu comme une définition du bonheur. Mais auparavant, il aura vécu une période de rejet de l’autorité parentale, celle-ci étant incarnée à la fois par le directeur de l’Institut, cupide et insensible, et par la figure paternelle, admirée mais lourde à assumer. Il en résulte une image ambiguë, à la fois aimée et détestée, qui enrichit singulièrement la nouvelle.

Elle amène aussi en douce la problématique du milieu familial qui a toujours manqué à Lukas et une description allusive de l’arrière-plan social dans lequel évolue l’adolescent. Ces deux éléments établissent une parenté certaine avec la nouvelle de Bertrand Bergeron, « La Vie de faubourg ». Les deux auteurs s’appliquent à réhabiliter l’influence de la cellule familiale et à en louer les vertus. Trudel inscrit d’ailleurs ce choix jusque dans le tissu urbain puisque Lukas préfère l’ancien centre-ville au nouveau centre-ville de Sybaris quand il s’évade.

À un moindre degré, « Lukas 19 », qui intéressera autant les adultes que les lecteurs plus jeunes, oppose l’art aux sciences pures et conclut que la société a peut-être plus besoin des artistes que des mathématiciens.

J’ai toujours aimé les textes qu’a écrits Jean-Louis Trudel jusqu’à ce jour. Je peux le dire maintenant : ce jeune homme ira loin s’il continue de s’améliorer ainsi. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 183-184.