À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 42
Pagination
31-44
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans une société dirigée par le Ministère des Transactions Sexuelles, Yselle voit soudainement sa vie basculer. Elle est bannie de la Cité des Purs pour avoir contracté une maladie vénérienne. Désemparée, elle demande de l’aide à Femmes-secours qui envoie Irène à sa rencontre. Grâce à elle, Yselle découvre la vérité sur cette société devenue (encore plus) phallocrate et fasciste afin de lutter contre les MTS. Elle décide de combattre ce système injuste en adhérant à l’Organisation des femmes.

Commentaires

Avec les qualités de logique et d’humour qui lui sont coutumières, Guy Bouchard nous projette en plein cœur de l’actualité. Traçant une tangente à partir des problèmes causés par l’utilisation des drogues et l’allure épidémique des maladies vénériennes, l’auteur dresse devant nous une structure sociale qui relève de la dystopie. Pour assurer la survie de l’espèce humaine, une élite – mâle – fondée sur la pureté sexuelle a pris le pouvoir. Les Chastes et les monogames, se prévalant de leur “pedigree” immaculé, décident désormais du sort des hommes. Et les femmes sont, une fois de plus, les grandes victimes de cette société hypocrite : prônant bien haut la vertu et le sacrifice, les Chastes se dévergondent en cachette… Le seul recours : la solidarité féminine, lesbienne ou plus spécifiquement politique…

Bouchard opère donc un grossissement, sinon une caricature, de notre environnement sociopolitique. À l’instar de « C.U. Rieux » et de « L’Exécution », « M.T.S. » désigne du doigt certaines taches obscures de notre présent. Tout converge dans le récit vers la démonstration de doctrines plus ou moins implicites (et de leurs dangereuses conséquences). Soutenu par une écriture neutre et une progression narrative rigoureuse, le texte décrit efficacement la société dystopique et son antidote.

L’humour est aussi mis à contribution, l’ironie face à l’objet analysé étant d’ailleurs une constante chez l’auteur. Cet humour s’exprime ici autant à travers des lieux communs tels que « un joint, ça disjoint ! », « un mec, c'est pas La Mecque ¡ », qu’à travers les attitudes sociales – le machisme, le lesbianisme. Cet humour froid contribue par ailleurs à l’aspect “démonstration” de la fiction de Bouchard. Le théoricien spécialiste de l’utopie n’est pas loin…

« M.T.S. » : un texte agréable et d’autant plus ironique qu’il existe déjà des clubs de rencontre où les candidats sont choisis en fonction de leur “pedigree”, de l’absence de toute maladie “honteuse”. [SB]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 51.