À propos de cette édition

Éditeur
Le Mauricien
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Mauricien, vol. I, n˚ 126
Pagination
12-13
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1937

Résumé/Sommaire

L’auteur rapporte le récit que lui a fait un jour un habitué des camps de bûcherons. Un homme, Saint-Amand, un Amérindien et son chien se réfugient dans un vieux campe abandonné, un soir de tempête de neige. Ayant trouvé des squelettes dans les lits, Saint-Amand les jette au feu. Les squelettes reviennent dans la nuit et s’en prennent à lui, puis ils se dispersent en étincelles dans la cheminée. Saint-Amand est trouvé mort brûlé.

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Commentaires

Dollard Dubé, en folkloriste qui s’intéresse à la toponymie, rapporte une légende qui lui vient d’un vieux routier des chantiers du Haut-Saint-Maurice. Une hypothèse sur l’origine du nom du lac des Tombeaux alimente le récit.

Animé d’une intention pédagogique, il articule dans l’épilogue une réflexion sur la différence entre un fait historique et une légende. « […] on ne va pas croire, je suppose, que la légende soit tenue au rigorisme historique, ou même de raison. La légende étant plutôt un trait d’histoire enrichi à profusion par des dizaines et peut-être des centaines d’imaginations, a beaucoup de latitude, tout autant que les frontières de l’imagination. C’est pourquoi, on y admet très facilement le merveilleux. »

La position neutre, sinon en retrait de l’auteur, laisse le texte assis entre deux chaises, celle de l’histoire (l’existence attestée du lac, de même qu’une épidémie de picotte ayant ravagé les Indiens du Haut de la Gatineau) et celle de la fiction (l’animation des squelettes). Il en résulte un texte hybride qui, en raison de l’approche sociologique que Dubé adopte dans l’épilogue, le relègue peut-être davantage dans le champ de l’ethnologie que de celui de la littérature.

La nouvelle nous renseigne aussi sur un point aveugle de la société québécoise. Il n’est pas inutile de souligner que Saint-Amand est puni parce qu’il est un sacreur et non parce qu’il a lancé des squelettes dans le feu. Des squelettes d’Indiens qu’il tire de leurs tombeaux que constituent les lits de camp, ce qui pourrait expliquer leur attitude vindicative à l’égard de Saint-Amand qui ne montre aucun respect pour leur sépulture. En attribuant la cause de sa mort au fait de sacrer, l’auteur s’aveugle délibérément devant le racisme de Saint-Amand, ce qui transparaît d’ailleurs dans sa relation avec l’Amérindien qui l’accompagne. [CJ]