À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Fenêtre secrète sur Stephen King 8
Pagination
9-17
Lieu
Saint-Hyacinthe
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Ginette et Gina sont des jumelles que leurs parents ont poussées à une carrière de nageuses synchronisées. Mais contrairement à Ginette, parfaitement à l’aise avec cette vie, Gina est malheureuse. Elle se révolte carrément lors des Jeux olympiques de Barcelone. Emblème de sa rébellion, elle choisit lors des compétitions préliminaires de porter son maillot blanc de pratique plutôt que le maillot bleu qu’elle devait enfiler. Elle refusera même de participer à la finale.

De retour d’Espagne, les jumelles sont envoyées par leurs parents en vacances au Maine, dans l’espoir qu’une pause soit bénéfique à Gina. Cette dernière accompagne sa jumelle à la plage tous les jours mais refuse de se mouiller, elle qui n’aime même pas l’eau.

Ce jour-là, Ginette a emmené sa planche de surf, malgré les inquiétudes de Gina : il est connu que les requins blancs attaquent parfois les surfeurs solitaires. À l’horreur de Gina, sa jumelle se fait bel et bien attaquer. Gina parvient à la sauver au risque de sa vie, en utilisant ce qu’elle a appris sur le comportement des requins.

Commentaires

Cette histoire que l’on s’attendrait à relever du fantastique est en définitive davantage un texte de SF, je dirais. Fantastique, ce détail qui peut passer inaperçu en première lecture : lorsque le requin blesse le pied de Ginette, Gina ressent une douleur correspondante. Mais SF, la danse aquatique qu’exécute Gina pour désorienter le squale et leur permettre de s’enfuir. Sans aller jusqu’à prétendre qu’elle est le résultat d’une expérience de pensée rigoureuse, elle s’inscrit dans la dynamique de l’intervention de Gina, qui est rationnelle, basée sur la compréhension et le savoir. « Le Maillot blanc » change agréablement de l’ordinaire des fanzines, où les textes finissent presque toujours par la mort du protagoniste, dépassé par les horreurs inexplicables de son existence maudite. Ici, nous avons une protagoniste tourmentée qui surmonte son mal de vivre et qui fait preuve de compétence et de courage quand c’est vraiment important.

Je ne dirai pas que c’est un texte parfait : la narration aurait bénéficié de poli supplémentaire à certains endroits. Quelques considérations sont expédiées un peu vite et certaines transitions manquent de liant. L’antipathie de Gina pour l’eau et la nage est un peu excessive de la part d’une nageuse de compétition – surtout au niveau d’une émule de Sylvie Fréchette. On nous parle beaucoup de psychologues sportifs et de maillots à paillettes, mais la célébrité conférée par les succès sportifs me semble trop peu présente.

Cela dit, j’aime l’originalité du propos ; je trouve que l’amertume de Gina qui cache un courage indomptable est fort sympathique ; et j’apprécie énormément que l’histoire, nonobstant certaines spéculations, soit enracinée dans la connaissance que nous avons du comportement animal. Près de vingt ans après la publication de ce texte, je constate encore et toujours à quel point la plupart des auteurs de fanzines semblent ignorants du monde réel. « Le Maillot blanc », si vous me passez la métaphore aquatique, relève d’un bien meilleur courant. [YM]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 20-21.