À propos de cette édition

Éditeur
Guy Saint-Jean
Titre et numéro de la collection
Noir
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
221
Lieu
Laval
Année de parution
1995
ISBN
9782894550021
Illustration
Jean-Guy Meister

Résumé/Sommaire

Mal aurait pu en prendre aux Gagné qui, pour une raison qu’on s’explique mal, ont eu la témérité d’acheter leur nouvelle maison, située dans le bled perdu de Timville, sur la seule foi de photos, sans même l’avoir visitée. Par chance, la demeure de style victorien est une « véritable merveille architecturale ». Autre bon présage : les déménageurs, ne pouvant plus attendre des proprios qui s’étaient visiblement égarés sur le circuit Montréal-Timville, ont tout rangé, y compris les jouets du fils Marco, installé les électroménagers, et laissé une note explicative au style quasi littéraire que l’écrivain qu’est Vincent, le père de la famille, sait apprécier. Mais mal en prendra quand même à la petite famille, finalement, car les Gagné se sont portés acquéreurs d’une maison hostile.

Commentaires

Pour sa première incursion en littérature, Clément Tremblay s’engage sur une voie quelque peu périlleuse car en plus d’avoir été décliné sur tous les tons, ce thème de la maison hostile a donné lieu à des variations mémorables (« La Chute de la maison Usher » et The Shining ou encore, au cinéma, Poltergeist et Beetlejuice). Cette variation-ci, une resucée d’Amityville, comme porte à le croire d’emblée le nom de Timville, apparaît hélas ! à peine passable.

Tremblay n’est pas en mal de poncifs, et en use dès les premières pages. Ainsi, histoire d’instiller d’entrée un climat d’étrangeté, l’auteur a bien sûr campé sa maison dans un patelin introuvable. La route qui y mène traverse une forêt d’où proviennent des sons inattendus et inquiétants. Et on aura deviné que la fameuse maison semble animée d’une vie propre, que ses nouveaux occupants y seront témoins et victimes de manifestations anormales, que des événements horribles, c’est-à-dire des meurtres, y ont jadis eu lieu… Bientôt ces assassinés ressuscitent et viennent troubler la quiétude des Gagné comme celle, déjà toute relative, de la petite ville…

Dans les récits de ce type, le « surnaturel » est souvent associé aux démons intérieurs, aux remords des protagonistes principaux. Vincent, objet de la plupart des phénomènes étranges reliés à la maison, ne contrevient pas à la règle. Le fantôme tapi tout au fond de sa « stupide conscience » s’appelle Sylvie, jeune femme morte d’on ne sait quoi il y a peut-être une vingtaine d’années et dont la factrice occasionnelle de Timville se révèle le parfait sosie. Mais cette Sylvie à peine esquissée et son sosie d’aujourd’hui ne sont que les ingrédients plaqués d’une recette. De même Marco, à qui se manifeste un mystérieux compagnon de jeu, n’est que la très pâle copie de Danny, l’enfant médium de The Shining

Et au bout du compte, on se demande quel lectorat vise La Maison des sacrifices, récit qui nous est donné au premier degré et qui pèche par ses personnages sans épaisseur, ses clichés et ses influences mal digérées. Pas de quoi, en tout cas, avoir peur. [FB]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 179-180.