À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Le narrateur, un acteur de théâtre médiocre, joue chaque soir la même pièce où sa mère, Marie-Merveille, est la tête d’affiche. Lors d’une représentation, il tente de la tuer en la poignardant ; or, celle-ci meurt plutôt, durant la scène, d’une mystérieuse commotion cérébrale. Dépressif, il se réfugie dans la maison familiale, où chaque soir sa mère lui racontait le même conte, lequel se terminait dans un grand incendie ; il y attend l’arrivée de sa mère, qui le rejoint, brûlée par les flammes de la ville embrasée.
Commentaires
D’emblée, cette courte nouvelle (3 pages) m’a laissé de glace, autant par son dénouement archi-prévisible que par la tiédeur de la construction de l’intrigue. Cette idée d’un conte au demeurant prémonitoire est convenue au possible ; combien de fois n’a-t-on pas lu, en effet, ce genre de récit comportant une mise en abyme dévoilant les clés de la chute ? Ici c’est un conte, mais ça aurait bien pu être un rêve ou une hallucination. Il y a bien cette idée d’un leitmotiv, d’une répétition dans l’occurrence du conte en question, puisqu’il est rejoué, tel un rituel, tous les soirs par les deux protagonistes ; cependant, ce filon demeure mal exploité, alors qu’il aurait pu être la clé d’une réification originale de ce thème éculé.
Même chose pour la pièce de théâtre à l’origine du drame : l’auteur nous décrit avec force détails le coup de poignard mortel, un coup jusqu’à l’os, avant d’affirmer, en une sorte de coup de théâtre manqué, que non, en réalité, tout est factice, le narrateur ayant échoué dans sa tentative de meurtre, sa partenaire de jeu, qui se révèle être sa mère, apprend-on alors (autre fade surprise), ayant succombé à une improbable commotion.
Ça tire à la ligne, ça part dans des directions mal exploitées, ça joue avec des clichés, et c’est franchement plat. Pourtant, l’écriture elle-même, d’un point de vue stylistique, demeure somme toute irréprochable ; mais il manque à celle-ci ce je-ne-sais-quoi qui aurait pu en faire un excellent texte ; au lieu de cela, le lecteur a droit à un récit dont l’appartenance au fantastique demeure quelque peu ténue, et sans substance. Passons. [MRG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 285-286.