À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Ado - 12
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
163
Lieu
Hull
Année de parution
1997
ISBN
9782921603454
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un soir d’Halloween, à Hull. Alain remarque un clochard à la démarche curieuse et entreprend de le suivre pour le plaisir. Bientôt, au milieu d’un cimetière, le personnage est assassiné de sang-froid par un non moins mystérieux homme en noir qui emporte avec lui le cadavre. Alain a cependant été vu mais il parvient néanmoins à fuir son poursuivant.

Alain essaie d’oublier l’histoire. Quelque temps plus tard, en allant voir son copain, amateur comme lui de films d’horreur, il est contraint, après une crevaison à bicyclette, à faire du stop pour se rendre à Chelsea. Un camion s’arrête. Il perçoit des bruits et une odeur dans l’arrière du camion mais n’y prête pas trop attention. Une auto les dépasse et le conducteur fait signe au chauffeur du camion de s’arrêter. Pétrifié d’horreur, Alain reconnaît l’homme noir du cimetière. Il parvient à destination mais, la curiosité le poussant à regarder derrière la toile du camion, il est surpris par l’homme noir. Ce dernier le ligote et l’entraîne dans une cabane isolée. Une porte révèle un ascenseur qui les entraîne dans les profondeurs de la terre.

Il est conduit dans une caverne gigantesque où il rencontre le Maître, à qui l’homme noir explique qu’Alain a été témoin de tout et que, par conséquent, il doit être gardé à vue. En route vers sa cellule, le garçon a le temps d’être confronté à ses premières goules. Un peu plus tard, une très jeune fille, Sirconia, le libère de sa cellule, lui explique qu’elle est la fille de Kragar, le Maître magicien, que l’homme noir est une goule modifiée, farouchement fidèle à son Maître. De plus, elle l’informe qu’elle va le mener en lieu sûr. Ce lieu s’avère être un micro-univers au cœur de la caverne où il est placé sous la bonne garde d’une goule au service de Sirconia. Entre temps, il apprend qu’une guerre est sur le point de se déclarer entre Kragar et un autre Maître pour la possession de nouveaux territoires. Les troupes des armées en présence sont des hordes de goules sous le pouvoir de leurs Maîtres respectifs. Il apprend aussi que les chances de victoire de Kragar sont pour ainsi dire nulles. Sirconia disparaît.

Une maladresse d’Alain fait que son micro-univers est découvert par un groupe de goules et son hideux gardien est abattu. Alain s’enfuit dans le dédale des couloirs de la caverne.

On apprend, par les pensées de Shey-Bohina, l’adversaire de Kragar, que la gentille Sirconia n’est pas aussi gentille et innocente qu’elle le paraît, qu’elle possède en fait des pouvoirs bien plus grands que ceux de son père et qu’Alain est sous son influence. Dans une confrontation finale, Shey-Bohina anéantit Kragar sans difficulté, mais c’est pour aussitôt faire face à Sirconia, qui l’écrase à son tour. Alors que la victoire de cette dernière semble totale, l’homme noir apparaît, abat la jeune sorcière par surprise et fournit à Alain les moyens de retourner à la surface.

Commentaires

Après des débuts assez peu convaincants en 1989 et quelques dérapages en cours de route (il s’agit, pour la plupart, de nouvelles anciennes publiées avec un certain retard), Claude Bolduc a démontré depuis un talent certain pour le fantastique et l’horreur. Récemment, comme bien d’autres praticiens de la SFFQ, il s’est mis à l’écriture de romans pour la jeunesse. Un premier essai, Dans la maison de Müller, péchait un peu par manque de cohésion bien que les idées fussent intéressantes. Un deuxième, La Clairière Bouchard, marquait un net progrès par rapport au précédent, mais cela au détriment de l’originalité dans une certaine mesure. Avec Le Maître des goules, par contre, Bolduc atteint un bel équilibre entre le fond et la forme.

S’éloignant du fantastique un peu convenu de la Clairière Bouchard, Bolduc opte ici pour une fantasy expliquée qui flirte avec la science-fiction. Car il ne faut pas s’y tromper : malgré les soirées d’Halloween, les films d’horreur et les goules, le fantastique apparent n’est ici présent que pour être désamorcé. Une fois les explications données, le surnaturel se révèle totalement absent du roman. On dira peut-être que mentionner une « énergie résiduelle » pour expliquer les pouvoirs « magiques » est insuffisant pour parler de SF, et je serai d’accord, mais il n’en demeure pas moins que l’imagination du lecteur prend note, ne serait-ce qu’inconsciemment, et interprète dans le sens d’une science aux concepts oubliés. L’élevage des goules, la manipulation (génétique ?) de l’homme noir et les « univers de poche » vont dans le même sens et contribuent à asseoir solidement le roman dans le genre dit de science fantasy.

L’intrigue est assez serrée, les décors surprenants ou troublants (je pense en particulier à ces lieux d’élevage de goules). Mais ce qui, d’après moi, fait la force du livre, ce sont les personnages, à commencer par Alain. Tout au long du roman, il ne comprend que trop tard ce qui lui arrive et reste totalement ignorant des manipulations de Sirconia. En ce sens, il est la parfaite victime et c’est pour cette raison qu’il est si facile de s’identifier à lui. L’information qui lui est inaccessible nous est transmise par les pensées du puissant Shey-Bohina. Bien que révélé tard dans le roman, le personnage de l’adversaire de Kragar est présenté de façon tout à fait crédible. En fait, à côté du médiocre Kragar, sa personnalité n’en prend que plus d’ampleur.

Le roman vaut aussi pour le réalisme des mises en scène et des dialogues. Les personnages s’expriment avec naturel, bien qu’on puisse se demander pourquoi ils devraient connaître le français. Seule petite ombre au tableau : le langage de Sirconia m’a parfois semblé trop populaire pour être totalement crédible.

Une bonne note pour un dessin de couverture, signé Legris/Larocque, qui ne devrait pas manquer d’attirer l’attention du jeune lecteur.

En conclusion : si l’on aime son intrigue bien arrosée de grotesque et si on affectionne le sanglant, un excellent petit roman pour jeunes, certainement le meilleur de Claude Bolduc à ce jour. L’auteur devait en être conscient car il a semé tous les indices nécessaires pour justifier une suite. Écoutez-vous, monsieur l’éditeur ? [GS]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 32-34.

Références

  • Laroche, Louis, Lurelu, vol. 20, n˚ 2, p. 21.