À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Eugénie suit un étrange chat noir qui la mène à un second chat, la patte sur le clavier d’une machine à écrire. Le tapuscrit fut écrit par Bernard, tombé amoureux de Cléo, laquelle lui affirmera être une chatte qui va bientôt retourner à sa forme première ; l’amour de Bernard le condamne à subir le même sort. Bernard croit à une blague, mais quand la malédiction frappe bel et bien, il s’empresse de raconter son histoire avant que sa transformation ne soit complète.
Eugénie recueille Bernard et Cléo et envisage de publier le manuscrit. Mais voilà que la vieille fille, s’étant prise d’affection pour ses deux chats, commence à son tour à se métamorphoser.
Commentaires
« Ce n’est pas de ma faute ! C’est ainsi ! C’est un sort ! Les sorcières existent réellement ! » déclare Cléo. Voilà la seule explication de son état qui nous sera fournie, au sein du texte écrit par Bernard, dans un style châtié complètement illogique puisqu’il émane d’un homme dont l’esprit s’effondre et qui sent sa fin toute proche. Ce n’est qu’une facette de l’artificialité du texte, dont les personnages sont de simples marionnettes pour l’auteure. Ainsi tout le verbiage gaspillé à nous expliquer qu’Eugénie est réservée et timide, et qu’elle est subjuguée par un sentiment qui la dépasse quand elle suit le chat. Faire d’Eugénie une femme curieuse de nature aurait permis d’élaguer la nouvelle d’un tas de mots inutiles.
Les événements fantastiques n’ont pas toujours besoin d’être justifiés par une transgression morale. Soit, les transformations de Bernard et d’Eugénie ne sont pas des punitions. Je conclus que tous deux sont les victimes innocentes d’une force hostile et incompréhensible dont on ne saura jamais rien. Cette description s’applique à je ne sais combien de textes de débutants, tous du même ennui mortel. On est au degré zéro du fantastique horrifique, qui exige du lecteur une capacité sans bornes à avaler tout ce qu’on lui raconte, et/ou un désir malsain de voir des gens souffrir sans raison. Je reconnais que ces qualités sont fréquentes chez une partie du lectorat ; hélas, je ne les possède pas. [YM]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 232-233.