À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Théâtre
Paru dans
imagine… 67
Pagination
85-155
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Fredersen, un généticien de soixante ans, échappé d’Europe de l’Est, mène des recherches impliquant des centaines, sinon des milliers d’embryons humains. Ses mystérieuses manipulations visent, bien entendu, l’amélioration de la race humaine. À son insu, ou pas, il travaille pour une organisation dont le bras armé s’appelle Bolrik, un colonel qui semble surveiller ses travaux et, en même temps, entraîner au tir (et dresser, comme on dresse un chien) un jeune homme appelé César. Lequel pourrait être une création de Fredersen, qui le fait passer pour son neveu ; il a en tout cas l’âge mental d’un enfant de cinq ans.

Une jeune femme, Eva, qui s’avérera être la fille de Fredersen, parvient à se faire engager comme secrétaire temporaire. Elle fouine dans le bureau du généticien mais souhaite surtout venger la mort de sa mère, l’épouse de Fredersen, assassinée alors qu’Eva avait huit ans, un drame pour lequel elle blâme son père, même s’il était lui-même la cible du tragique complot.

Commentaires

Pour compléter le tableau – ou le brouiller –, les auteurs ont ajouté les personnages de Gabin et de Laurence. Le premier, jeune directeur d’une firme de cosmétiques, bénéficie indirectement des travaux du généticien en lui achetant des hormones d’origine fœtale. L’ombre criminelle de Bolrik pèse aussi sur lui. Laurence, pour sa part, est l’assistante de Fredersen, dont elle sait étonnamment peu de choses. Elle est peut-être entichée du candide César. Tout ce beau monde, sauf César, s’entretuera à la fin, sous les éclats de rire sinistres du cruel Bolrik.

Cette pièce de théâtre s’avère impossible à résumer, à cause de la structure fragmentée en une myriade de brèves séquences, plusieurs d’entre elles devant être jouées simultanément selon les didascalies. Le jeu dramatique et la mise en scène aidaient sans doute à créer une dynamique, à dégager un sens, lors des représentations de 1991.

Pour paraphraser les auteurs dans une longue note faisant office de postface : « il fallait être là pour comprendre ». On veut bien. Néanmoins le doute persiste pour qui n’a sous les yeux que le texte et les didascalies de la pièce : était-ce plus intelligible avec les maquillages et les éclairages expressionnistes dont les photos d’accompagnement donnent une idée ? Dans cette pièce, Boivin et Labbé essaient un peu de tout : des phrases répétées sans que cela rime à rien, des scènes répétées sans que cela rime à rien, un personnage qui parle de lui-même à la troisième personne, des scènes entrecroisées et simultanées, d’autres qui sont données pour oniriques, des flash-back que rien ne distingue de l’action principale, la projection de films et d’images (mentionnées dans l’introduction)…

Au final, on a 66 pages d’un texte fragmenté en 43 « séquences », parfois jouées trois de front dans ce qui devait à l’occasion frôler la cacophonie. Où allait Mario Boivin avec ce texte sibyllin, cette mise en scène d’une complexité byzantine, haché en menus morceaux ? Pour l’amour du théâtre (et de la BD noire, dont « Manipulations » s’inspire ostensiblement), souhaitons que la version scénique fonctionnait un peu mieux. Car le texte seul, quant à lui, laisse perplexe et sceptique – pour s’en tenir à ces euphémismes polis. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 27-28.