À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
N'arrêtez pas la musique
Pagination
37-42
Lieu
Québec
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Des retraités montent dans un autocar, en route pour un séjour de trois semaines au Palais du Bord de Mer. Au cours du voyage, certains passagers sont abandonnés dans une halte routière. À l’arrivée, le groupe est pris en charge par des hommes kaki. Les voyageurs sont disposés en rangs, face à la mer, où ils aperçoivent au loin le Palais qui se rapproche très lentement.

Commentaires

La nouvelle de Michel Dufour est infiniment triste car les passagers de cet autocar, métaphore de la vie, n’ont aucun esprit critique devant les événements qu’ils vivent. Ils sont naïfs, béats d’optimisme face à ce qui les attend. En même temps, ils sont tellement centrés sur leur petit confort personnel, indifférents au sort des autres.

Chez Dufour, les prisons intérieures sont beaucoup plus contraignantes que les murs de béton qui isolent les individus de sexe différent, par exemple, dans les sociétés totalitaires esquissées par Bertrand Bergeron. La société dépeinte par Dufour n’a pas besoin de contrôler les individus : ceux-ci se conditionnent eux-mêmes aux normes. « Sommes-nous encore humains ? » se demande l’un d’eux.

La description méthodique et minutieuse du voyage, d’heure en heure ou presque, traduit admirablement l’implacable mécanique à l’œuvre ici. La destination de rêve des voyageurs illustre le côté dérisoire de la vie, la grande illusion sur laquelle reposent leur existence et leur quête de bonheur, qui sont aussi les nôtres. Les personnages de Michel Dufour sont à la poursuite d’un mirage.

Dans « Manuscrit trouvé dans un mirage », l’auteur dévoile subrepticement un totalitarisme du quotidien, du confort moral et du loisir organisé. En quelques pages, cela relève du tour de force que de nous amener à réfléchir ainsi sur la propension de l’être humain à tout centrer sur sa recherche du bonheur.

Cette nouvelle, au même titre que « Faire mouche » ou « Schubert D.810 », présente une vision terrifiante d’une humanité en déliquescence. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 82-83.