À propos de cette édition

Éditeur
Du Jour
Titre et numéro de la collection
Écrits du Jour - 13
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Paru dans
Manuscrits des longs vols transplutoniens
Pagination
65-142
Lieu
Montréal
Année de parution
1975

Résumé/Sommaire

Les Icicles Pourpres sont une faction militaire en lutte contre les Épeurants. Alexandre Argon est un capitaine de l’Armée Infra-Rouge, mais aussi un marchand de bric-à-brac, peut-être même un magicien. Sur la planète de l’étoile Arcturus vivent les minotaures, les seuls à admettre l’existence de la Maladie d’Icare, qui est le signe du prochain stade de l’évolution humaine. Le savant R.D. Bayou, Ève Quasar, Sainte Coquerelle sont d’autres personnages de cette histoire ; leur identité est fuyante, multiple, au gré des changements de lieu et de temps. En fin de compte, est-ce un magicien qui a fait naître cette histoire devant nous, et que reste-t-il quand il met fin à sa représentation ?

Commentaires

Nous sommes ici devant un poème en prose plutôt qu’une novella, ce qui en rend le résumé à peu près impossible, d’autant plus que la cohérence était le dernier des soucis de l’auteur. On a affaire à une succession de fragments aboutés ; parfois ça fonctionne de façon saisissante, mais la plupart du temps les idées se déglinguent la phrase d’après. En ce sens, le texte est antithétique à la science-fiction, laquelle exige de la rationalité pour constituer un squelette autour duquel on peut placer une chair plus surréaliste.
Le cliché quand on parle des textes des années 1970, c’est de dire qu’il s’en fumait du bon à l’époque. Et en effet, qui sera surpris de constater que dans Manuscrits…, on suce, on encule, et on se tape du hasch plutôt fréquemment ? Cette célébration du sexe et de la drogue ne me scandalise pas, elle me lasse tant elle est prévisible et sans envergure – et sans aucune incidence diégétique, encore que rien dans ce texte n’en a.
Il me reste de Manuscrits… des fragments épars qui pourraient fonctionner, quelques images heureuses qui ont assez de mordant pour évoquer quelque chose, même si cela demeure assez confus. Au final, peut-être une demi-douzaine de phrases sur un texte de soixante pages. « Je tends la main aux citoyens du monde pour que mes mots écrivent le livre des épuisements sauvages. » De temps à autre, au sein d’un fatras trop souvent consacré à des détails prosaïques et incohérents avec le reste, on rencontre une image intrinsèquement science-fictive, qui n’est pas simplement le résultat de l’appropriation du vocabulaire de la SF au service d’un simple délire verbal. Exemple probant : « À marée basse sur les plages de feu des mers de Jupiter, il marche vers le large pour déterrer les moules bleues ; manger ça, c’est comme revoir le ciel de la Terre. » Oublions la sottise de placer des mers sur Jupiter : il y a ici un souffle poétique que je suis capable de priser, qui me rappelle certaines des phrases audacieuses de Michel Demuth, tellement belles qu’on leur pardonnait de ne pas strictement tenir debout. Si même 25 % de Manuscrits… avait été de ce calibre, j’aurais signalé l’existence d’un texte original méritant quand même le détour. J’ai plutôt soupiré de soulagement en arrivant à la fin de ce pensum. [YM]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 220-221.

Références

  • Dumont, François, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec V, p. 529.