À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 41
Pagination
31-39
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Quelques guérilleros sont traqués par l’armée dans une forêt de la Colombie-Britannique. Lors de la dernière attaque, Michel a été atteint par un gaz chimique : « le virus d'Alzheimer monté à la puissance huit ». Le narrateur creuse ce qui servira de tombe à Michel, tout en se remémorant les luttes passées, les désespoirs, les morts et les maigres victoires. Lui et ses compagnons se battent contre l’oppression et le mensonge, contre l’empire tentaculaire McLOEDGER qui contrôle tout l’Ouest canadien. Il leur faudra achever Michel avant de prendre la fuite.

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Commentaires

« La Marquise de Tchernobyl » est un texte engagé, violent, qui met en lumière les coulisses du pouvoir, et dénonce la corruption du système politique et social. L’histoire se déroule dans un futur proche, dans un monde contrôlé par tous ces “méchants” qui “persistent et signent” et qui, “neuf fois sur dix, gagnent haut la main”. Mais l’écart entre notre société et celle évoquée semble parfois si ténu qu’il nous arrive de douter qu’il s’agisse de fiction…

Certains liront dans le texte de Prévost un profond pessimisme tant l’impuissance et l’échec sont grands. Les personnages, brisés par la peur et la solitude, talonnés par la mort, ont perdu toute illusion. D’autres préféreront voir une lucidité extrême, une critique sociale sévère mais nécessaire, un ferme engagement qui n’est pas sans rappeler mai 1968 et les divers mouvements de contestation des années 1970. On sent d’ailleurs poindre une certaine nostalgie de cette époque.

La double finale de la nouvelle laisse perplexe. L’histoire, racontée à la première personne par un guérillero, narrateur malgré tout assez distant, se termine avec l’exécution de Michel. Scène d’une forte intensité, où la beauté du geste n’a d’égale que sa dureté. Puis, sans aucun avertissement, le lecteur apprend que tous les personnages côtoyés au fil de l’histoire appartenaient au mouvement GREENPEACE. Cette deuxième finale ajoute sans doute à la teneur politique de l’histoire. Mais l’intervention d’ordre “explicatif” brise quelque peu l’unité et le rythme du texte ; elle n’était nullement essentielle.

Il faut lire cette nouvelle pour l’écriture, dense, puissante, violente même, et profondément marquée par la colère. Le style de Prévost traduit très bien le climat d’oppression et l’emprise de la société de consommation sur l’homme. Le texte est parsemé de marques de commerce (McIntosh, IBM, RCA, etc.), sans compter les allusions fréquentes à divers produits culturels le plus souvent américains.

À la lecture de « La Marquise de Tchernobyl » (drôle de titre tout de même), jamais il ne nous viendrait à l’esprit que Prévost n’en est qu’à ses premiers textes. Le jeune auteur manie le langage avec beaucoup de finesse et d’intelligence. Soulignons que « La Marquise de Tchernobyl » a mérité en 1987 le Prix Septième Continent. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 152-15#.

Prix et mentions

Prix Septième Continent 1987 (ex æquo)

Prix Boréal 1989 (Meilleure nouvelle)