À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Papillon - 70
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
135
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
2000
ISBN
9782890517653
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Alexandra fait du camping avec ses parents et ses demi-frères Marco et François dans le parc de la Gaspésie. Or, pendant l’ascension du mont Jacques-Cartier, elle fait une chute qui l’étourdit sérieusement. Depuis cet accident, elle est la seule à entrevoir avec crainte un étrange personnage d’environ trente ans. Il est vêtu d’un grand imperméable vert olive et coiffé d’un chapeau de pluie jaune citron. Immobile à côté d’un grand sapin, il la regarde fixement, une pipe au coin de la bouche.

Ses demi-frères se moquent d’elle quand elle leur fait part de son apparition. Mais ils seront amenés à jouer le jeu puis à y croire même s’ils n’ont rien vu. Quant aux parents, ils sont tenus à l’écart. Consulté, le gardien du parc explique qu’il s’agit du Matagoune, une sorte de fantôme dont les apparitions sont rapportées par des témoins oculaires depuis les années cinquante. D’ailleurs, une petite croix rappelle sa mort.

Alexandra découvre ensuite une vieille carte de la région qui les mène, elle, Marco et François, à un endroit peu fréquenté. Ils y font la découverte de la carcasse d’un avion dans laquelle se trouvent une trousse médicale et deux livres, dont un journal intime qui relate l’écrasement en octobre 1945. Ce journal contient une mine d’informations. On y apprend que le narrateur, un certain Gabriel Landry, médecin, a survécu à l’accident mais que ses jambes sont cassées et qu’il ne peut espérer rejoindre la côte. Le pilote Mathieu Alphonse Gouin périt. Gabriel l’enterre avec l’inscription Math. A. Gouin, d’où mathagouin et, par déformation phonétique, matagoune.

Les vacances s’achèvent. Au petit matin, Alexandra revoit une dernière fois le fantôme qui lui sourit. Ce fantôme du matagoune, contrairement à ce qu’on aurait pu croire au milieu du récit, n’est donc pas le pilote Gouin mais bien le médecin Landry mort après une longue agonie. On devine qu’il voulait qu’on retrouve son journal pour que ses écrits soient remis à sa fiancée Évangéline Leblanc. Les jeunes s’empresseront de satisfaire ce vœu. De toute façon, c’est sur leur chemin de retour.

Commentaires

Le roman de Martine Valade est incontestablement fantastique. L’écrivaine a beau semer le doute, au tout début, sur la réalité de cette apparition, la suite le dément. Le Matagoune apparaît plusieurs fois à Alexandra et, toujours, lui remet des indices qui aideront la jeune fille à découvrir le journal à bord de l’avion abîmé.

L’intrigue, finement menée, saura plaire au public des 8 à 10 ans, les premiers visés par la collection Papillon. Il n’y a que peu de longueurs, soit quand les jeunes décident de subtiliser le téléphone portable à un voisin du camping ou quand ils veulent cacher à leurs parents leur visite chez la fiancée de Gabriel.

Les dialogues sonnent en général juste. Ils sont courts, percutants et font avancer l’intrigue. En fait, ce qui agace, ce sont des mots ou des expressions nettement au-dessus du vocabulaire d’Alex et de ses demi-frères : saint-frusquin, géodes, musaraigne, croque-mitaine, bruit d’éclaboussure, pétrifiée, engoncé, visage rubicond, sentiment d’urgence, joues parcheminées. L’écriture est parfois surécrite pour l’âge de l’héroïne qui s’exclame, par un matin de brouillard : « Même la mise en scène un peu fantasmagorique de mère Nature n’a pas réussi à freiner notre ardeur. » Autre phrase creuse : « Au supplice, j’opine du bonnet en me dandinant d’une jambe à l’autre. »

Pour une jeune fille de son âge, elle possède un excellent degré d’autoanalyse. Ainsi, elle demande à ses demi-frères si elle a la berlue (à propos de l’apparition du fantôme), constate à leurs regards que, oui, elle hallucine, mais que non, après tout, puisqu’elle est certaine de ce qu’elle a vu et que ce n’est pas une malheureuse chute qui la rend folle. La fin est décevante : la famille prend le traversier qui fait la navette entre Matane et Baie-Comeau. Le personnage d’Évangéline n’aura causé que peu de surprises.

Mais ne chicanons pas trop l’auteure. Avec ce roman, elle a su écrire une intrigue palpitante et trouver des idées originales, comme l’origine du mot matagoune ou les paragraphes sentis du journal du docteur Landry qui se voit dépérir au milieu de la forêt sauvage. Et son fantastique passe bien la rampe, tout en douceur. [MB]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 186-187.

Références

  • Desroches, Gisèle, Lurelu, vol. 23, n˚ 3, p. 33.