À propos de cette édition

Éditeur
La courte échelle
Titre et numéro de la collection
Roman + - 32
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
157
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
ISBN
9782890212138
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Leïla, une jeune Haïtienne qui habite Montréal, devra passer une partie des vacances d’été dans les Laurentides afin de s’occuper de Grannie Irma. La rencontre avec cette dame, qui insiste sur la ressemblance entre Leïla et Nina, sa défunte fille, se déroule plutôt froidement. Leïla est rapidement atteinte de migraine. Des événements étranges suivent : apparition d’un chat, voix de Leïla qui change… Elle est victime de sa première « vision » : elle suit le chat dans la cour arrière, transformée en un décor qui évoque Haïti. Le lendemain, Leïla apprend que Nina s’est suicidée. Dans les secondes qui suivent, elle reconnaît le décor de son hallucination sur une photo de la maison de Grannie à l’époque où elle habitait encore à Port-au Prince.

Les inquiétudes de Leïla face aux étranges événements grandissent. Un soir, à la suite d’un bain de minuit à la piscine municipale avec Samuel, jeune Noir montréalais qu’elle a rencontré à son arrivée dans les Laurentides, elle se fait agresser par les amis de celui-ci. Le lendemain, sa mère, au téléphone, lui révèle que Nina a été violée par son copain et ses amis. Leïla, troublée par les parallèles entre ce qui entoure la mort de Nina et les incidents des derniers jours, a l’impression de perdre le contrôle de son corps. Elle s’évanouit et est réveillée par Samuel, qui s’étonne de la longueur des cheveux de Leïla, maintenant aussi longs que ceux de Nina. C’est alors que le fantôme de Nina apparaît et supplie sa mère d’accepter sa mort, de la laisser reposer en paix. Elle disparaît et tout revient à la normale. Grannie Irma retourne vivre en Haïti, faire la paix avec son passé. Leïla, de retour à Montréal, fréquente Samuel.

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Commentaires

Dès la fin de la première lecture de ce roman, je me suis demandé si c’était vraiment un roman qui s’adressait à des jeunes. Le texte fait partie de la collection « Roman + », ce qui indique qu’il s’adresse à un public adolescent un peu plus âgé. L’histoire du roman n’est pas très simple à suivre pour un lecteur peu expérimenté. Le monde réel se heurte constamment à l’incertitude provoquée par la subjectivité de la narratrice. La narration au « je » facilite l’identification du lecteur avec le personnage principal. Mais dans un roman fantastique comme celui-ci, où la réalité du personnage est continuellement ébranlée par des apparitions et des événements étranges, la narration auto-diégétique crée aussi un effet de doute. Fait-on face à des événements réels ou sont-ils imaginés par la narratrice ? Leïla elle-même se pose la question : « Tout cela avait l’apparence onirique d’un rêve et les qualités concrètes de la réalité. » On joue d’ailleurs sur la crédibilité de la narratrice, elle qui est sans cesse prise de migraine et de fièvre lorsqu’un incident anormal se produit.

Néanmoins, l’atmosphère toujours de plus en plus inquiétante du roman convainc le lecteur que la présence d’événements étranges est bien réelle. Tout ce jeu qui se tisse entre la réalité et l’illusion, entre ce qui est vrai et ce qui est imaginé, risque de déstabiliser le lecteur inexpérimenté. D’ailleurs, d’après quelques commentaires de jeunes qui ont lu le roman, peu d’entre eux ont vraiment aimé. Ils affirmaient qu’il ne se passait rien dans l’histoire. Pourtant, il y a des apparitions de fantômes, une agression, une histoire d’amour qui se développe… Tout cela en moins de 160 pages. L’atmosphère créée rend la lecture difficile si on n’y accorde pas trop d’attention.

D’ailleurs, l’un des points forts de ce roman est le crescendo d’émotion et d’inquiétude provoqué par la narration. Elle est d’abord plutôt légère. Le premier chapitre est conforme aux romans jeunesse, conforme à la réalité des jeunes. On y voit Leïla dans sa famille, avec le lot de conflits qu’un adolescent vit. Il y a quelques passages très drôles (j’ai bien aimé cette remarque utilisée pour décrire l’atmosphère de la première rencontre avec Grannie : « S’il est vrai que quand une pause se prolonge dans une conversation un ange passe, alors le personnel du Paradis au grand complet a dû profiter de notre repas pour déménager. »). Peu à peu, l’angoisse, la frayeur envahit la narration. Le changement est très progressif, en commençant par une remarque ici et là, un questionnement de la narratrice un peu plus marqué, pour finalement envahir le texte avec l’apparition du fantôme de Nina dans une mise en scène surnaturelle. Ce passage du monde très concret à un monde peuplé d’apparitions et de spectres se fait en douceur, d’où son étonnante efficacité. Nous ne sommes pas plongés directement dans une histoire de fantômes ; on nous y amène à petits pas.

J’ai beaucoup apprécié ce roman de Stanley Péan. Il provoque une bonne dose d’angoisse sans tomber dans des banalités – comme c’est malheureusement le cas dans plusieurs romans pour la jeunesse. Cependant, il semble un peu trop complexe pour un jeune public qui ne fait pas de la lecture son principal loisir. Espérons seulement que ceux qui aiment lire des histoires bien écrites auront la chance de tomber sur ce roman qui exploite bien une histoire de fantôme. [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 139-140.

Références

  • Lacroix, Pierre, Temps Tôt 32, p. 43.
  • Martel, Julie, Solaris 110, p. 43.
  • Meynard, Yves, Lurelu, vol. 17, n˚ 2, p. 21-22.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 26-06-1994, p. B 6.